A Islande était l’expression consacrée dans le milieu de la pêche, les bretons et les gars du nord allaient pêcher la morue à Islande.
Ian Manook a donné ce titre à son roman historique. Un puissant roman historique dont l’action se passe en 1904 à bord d’une goélette de Paimpol et à Bùdir, au fond du Faskrudsfjordur. Les personnages sont attachants Lequéré pêcheur expérimenté et Kerano embarqué, berné par me mythe du « pêcheur d’Islande », mais aussi Marie Brouet la jeune l’infirmière laïque nommé avec un médecin Danois par l’Etat Français dans le nouvel hôpital de Faskrudsfjordur de pour remplacer l’établissement tenu par des religieuses, c’est l’époque des combats de séparation de l’Église et de l'État. Ou bien encore les personnages de femmes fortes et indépendantes, Elisabeth la dévouée religieuse et de Eilin la très libre institutrice Islandaise.
Un roman fort et très bien documenté, qui se démarque complètement des anciens récits vantant les héroïques pêcheurs d’Islande. La vie à bord des goélettes est relatée sans concession, la peur dans le gros temps et la brume, les conditions de travail, la pêche, l’absence totale d’hygiène, les blessures qui s’infectent, les maladies, la volonté des armateurs de maintenir les équipages dans cet état lamentable anesthésié par l’alcool. L’action qui se passe en Islande compense, un peu, la dureté de la vie en mer. Un grand roman social, cette histoire est en quelques sorte une illustration par la fiction de la thèse et du livre de François Chappé « L’Épopée islandaise, 1880-1914 Paimpol, la République et la mer » publié en 1990. Ce roman lui aurait certainement plu.
Un grand roman moderne sur un sujet maritime ancien, un beau lien entre la France et l’Islande.
Goélette en pêche en dérive, la grand-voile a son point d’amure pesé, le pic un peu choqué, la balancine raidie, le palan de garde est également raidi. Les hommes le long du pavois au vent ont chacun une ligne en main.
L’association Océanide, patrimoine maritime du pays de Tréguier, est heureuse de vous annoncer la publication du livre « Goélettes bretonnes » par les éditions Coop Breizh.
Dans les années 30, un jeune homme, Jack K. Neale travaille dans les bureaux de son père armateur de chalutiers à vapeur sur le port de Cardiff au pays de Galles.
Ce jeune homme, tombe littéralement amoureux des voiliers de cabotage bretons qui fréquentent encore le port industriel charbonnier de Cardiff. Il photographie entre 1934 et 1939 sous tous les angles ces goélettes et dundées menés par les derniers équipages bretons de la voile de cabotage. Précis et rigoureux, il note pour chaque photo la date et le nom de chaque navire, il interview les capitaines sur les caractéristiques de leur bateau et sur les temps de traversée. Avec la guerre ces voiliers ne fréquenteront plus le port de Cardiff. Après une carrière et une vie de famille bien remplie, au temps de la retraite, Jack Neale se replonge dans le monde des goélettes de sa jeunesse, en 1972 il vient avec un de ses fils, en Bretagne dans la presqu’ile de Pleubian , où il retrouve les équipages des voiliers qu’il avait fréquentés dans les années 30. Il recueille et enregistre sur cassettes de nombreux témoignages. Il en écrit un livre qui ne sera jamais publié en Grande-Bretagne. Après bien des démarches, sa veuve et ses descendants ont confié le manuscrit et le fond photographique à l’association Océanide Patrimoine maritime du Pays de Tréguier. Jacqueline Gibson la présidente de l’association et petite fille de Joseph Nicolas, capitaine, armateur de l’Océanide traduit le livre en français. Avec les membres du CA de l’association Océanide, avons fait un beau travail collaboratif de relecture, d’écriture de nombreux encarts thématiques, de choix de l’iconographie originale basé sur les photos de Jack Neale mais également entre autres sur les photos très vivantes du capitaine Ernest le Foricher et de rédaction des légendes des photos.
Les éditions Coop Breizh ont soutenu l’association en conservant l’intégralité du texte original, les encarts et les annexes proposées par l’association et en réalisant une maquette moderne et agréable à la lecture. Le livre fait 200 pages et intéressera non seulement les spécialistes de l’histoire maritime mais aussi un public plus large par le coté vivant et très humain de la vie et du travail des derniers marins de la voile de cabotage.
Ce livre est sorti le 28 mai 2020 , au prix de 25€ dans toutes les bonnes librairies du Trégor, du Goélo, de Bretagne et d’ailleurs. Vous le trouverez aussi sur le site de Coop Breizh (le port est à
1 centimes) : Goélettes Bretonnes
Je vous propose d'en feuilleter quelques pages
« Tout commence en 2012, le professeur de mathématiques et écrivain reçoit un appel : « Mon père, Jacquot Cabioch a lu votre livre " Paroles de gabariers ", il s'est régalé. » Les deux hommes se rencontrent, leur enthousiasme et leur passion commune pour les bateaux les lient intimement. Les souvenirs impérissables de Jacquot le poussent dans une quête effrénée. Avec le soutien de son ami Henry Kerisit, artiste du patrimoine et auteur, ils vont sillonner l'île et bien au-delà, afin de collecter des témoignages, éplucher les archives départementales et maritimes.
« Mieux qu'un arbre généalogique »
Son livre illustré de photos personnelles des familles, de croquis, de cartes postales et d'archives anciennes donne la parole aux Îliens et à ceux qui ont fait le lien maritime entre Roscoff et l'île. Les bateaux, le passage, le transport de marchandises, les naufrages, rien ne lui échappe, tel un insatiable détective. Sa quête en emmenant une autre, il se penche sur la famille de Jacquot Cabioch et l'histoire des « neuf frères », nom donné à la gabarre familiale, puis Rouen, les sabliers... tel un album photo retraçant les souvenirs d'une époque maritime et d'un patrimoine oublié. Pour ceux qui ont témoigné : « Ce livre est une vraie richesse », « Mieux qu'un arbre généalogique, il unit la mémoire des gens de mer d'ici ». Yann Riou présentera « Île de Batz, marins et bateliers » lors d'une conférence le 17 juillet, sur l'île. »
Article de Sophie Cabioch Dirou pour le Télégramme
Comme le commente Yann Riou sur sa page facebook « Sophie a tout compris à l'esprit qui a amené la publication d'un travail de passionnés »
J’ajouterai à ce bel article que le livre est particulièrement bien illustré par des photos anciennes de collection privée qui n’ont jusqu’à présent jamais été publiées et bien sûr par de nombreux dessins d’henry Kerisit qui a fait un travail remarquable en dessinant tous les bateaux de bornage et de passage de l’île depuis les sloups des années 30 aux vedettes blanches.
Ce livre est en vente en librairie et sur le site de l’éditeur, édition Skol Vreizh.
Site sur les portraits de bateaux d’Henry Kérisit
Bientôt sur le web « les compléments du livre »
J’ai lu avec un grand intérêt le livre de Bernard le Gonidec que vient d’éditer par Skol Vreizh « Quand Paimpol armait pour la grande pêche ». Un ouvrage passionnant une approche originale qui se démarque des nombreux ouvrages sur la grande pêche.
Au départ c’est une étude familiale, l’auteur se met à la place de son grand-père Louis, capitaine au long-cours et l’écrit ce livre à la première personne, mais plus qu’un livre de souvenirs, c’est une véritable étude ethnologique maritime basée , sur les carnets de notes, les courriers, les livres de bord mais aussi les archives de l’inscription maritime et les sources généalogiques.
A partir de ces sources diverses l’auteur en fait un livre vraiment vivant, décrivant la vie de deux générations de marin le père Yves puis son fils Louis.
A travers les différents embarquements, nous découvrons tous les aspects de la grande pêche : la pêche sédentaire à la côte de terre Neuve, la pêche sur les bancs, les pêches dîtes coloniale, la pêche côtière à St Pierre, la pêche en Islande, la navigation des chasseurs.
Les gars des communes rurales du goélo, Pléhedel, Yvias , Lanleff, Tréméven embarquent à Binic à la pêche à la morue sur les côtes de Terre-Neuve Qu’est ce qui les poussent à partir, l’espoir de gagner un peu plus que ceux qui travaille la terre. Yves part à 17 ans en 1854, il n’est pas d’une famille de marin son père et son grand-père sont massons, plus tard il embarquera à Paimpol pour faire l’Islande puis sera matelot sur un chasseur. En hiver, il reprendra les travaux ruraux comme journalier, puis il devient propriétaire un petit bateau ou il fait la pêche à port Lazo, 8 km à pied pour se rendre au port Ses fils deviendrons pêcheurs également l’ainée s’installera à Terre-Neuve. Louis le cadet, le narrateur du livre, commence à 14 ans , par le plus décrié des métiers de la grande pêche : gravier à St Pierre, ces jeunes breton partant pour une saison comme manœuvre pour faire sécher les morues sur les graves, un vrai métier de força. Puis il navigue à la pêche coloniale sur les petites goélettes basées à St Pierre. Mais Louis veut naviguer au commerce.
La grande pêche et la navigation au commerce est aussi un véritable ascenseur social, après son service militaire dans la marine nationale il passe son brevet de maitre au cabotage et quelques années plus tard celui de capitaine au long-cours.
La vie d’un capitaine n’est pas de tout repos comme on peut le voir à travers des lettres échangées avec ses différents armateurs. Les embarquements sont nombreux, mais principalement comme chasseur, navire apportant du sel et du vin à St Pierre et repartant avec des chargements de morues salées, pour les Antilles, la méditerranée ou les ports de la côte atlantique. Louis fait même naufrage par voie d’eau dans le milieu de l’Atlantique, tout son équipage est sauvé.
J’ai lu avec passion ce livre et je vous le conseille. J’ai seulement trois remarques, l’auteur aurait pu faire une introduction expliquant sa démarche et détaillant les archives utilisées. L’iconographie du livre est un peu pauvre et le titre « Quand Paimpol armait pour la grande pêche » ne montre pas la grande variété des ports d’embarquement des gars du goélo. Les éditions Skol Vreizh ont bien fait de publier ce livre.
Les livres maritimes de qualité portant sur la Bretagne nord sont rares, en voilà un !. Sachant qu’il allait sortir, j’avais échangé avec jacques Blanken à son sujet, je l’attendais avec impatience. Lorsque je l’ai reçu, je l’ai dévoré avec passion. Je me suis régalé ! Les connexions entre le sujet de ce livre et mon site d’histoire maritime de Bretagne nord sont fortes.
Dans ce livre, Jacques Blanken traite le commerce interlope de Roscoff au début du XIXème. Ce livre est celui d’un passionné qui a effectué un remarquable travail de recherche et d’écriture. De l’autre côté de la Manche, en particulier en Cornouaille les smogleurs sont bien connus, ils ont fait l’objets de nombreuses histoires et entre dans le légendaire populaire. plusieurs livres racontent leurs aventures autour du ce commerce interlope d’alcool et de tabac. Jacques Blanken en fait une excellente synthèse.
Coté Breton, bien que souvent évoqué, les smogleurs ont presque été oublié, c’est là que les recherches en archives de jacques Blanken sont particulièrement intéressantes. il nous fait découvrir le monde des négociants de Roscoff, leurs activités recouvrant le négoce l’armement de navire et l’affrètement pour le commerce en fraude . On retrouve des négociants anglais ou irlandais installé à Roscoff au XVIII comme Copinger, Mc Culloch, Biggs, Keith, Gibbs ou Diot ou plus tard sous la révolution d’autre venu développer leur activité à Roscoff, comme les Meges ou les Deschamps , ce livre nous parle aussi des marins, on retrouve alors les maitres au cabotage de l’île de Batz , les Le Bihan, Trémintin, Floch.
Jacques Blanken a exploité toutes sorte d’archives pour la rédaction de son livre dont le livre de notes journalières de l’armateur Mallebay, ce genre de document, pas vraiment ordonné mais très vivant et riche de nombreux détails permet de mieux comprendre ce négoce
L’auteur traite aussi du matériel maritime, des bateaux smogleurs, ces légères constructions à clins qui influencera le constructeur roscovite Kerenfors. ce type de construction peu pratiqué en Bretagne sera alors qualifié de construction anglaises
Un chapitre entier est consacré à la saga Deschamps, le père, négociant interlope qui deviendra un armateur important, Le fils Léopold Deschamps continuera à développer l’armement souvent en association avec des capitaines de l’île de Batz puis se lancera dans la conserve de sardine à l’île Sieck jusqu’à sa banqueroute en 1883, qui entraina nombre d’investisseur locaux dans sa faillite.
Ce livre est illustré de dessins à la mine de plomb de Fanch Moal, qui permettent de retrouver prodigieusement le Roscoff de l’époque et les lougres et les cotres de la première moitié du XIXème. Les éditions Locus Solus ont fait un beau travail d’éditeur, le format est agréable, L’illustration du livre associant dessins actuels, et documents anciens comme des plans de cotres et de lougres anglais est vraiment une réussite
Comme vous l’avez compris, je conseille la lecture de ce livre qui nous plonge dans cette époque oubliée de la contrebande de Bretagne nord. Personnellement ce livre m’encourage à poursuivre mes recherches sur les activités de Roscoff et de l’île de Batz dans la première moitié du XIXème siècle.
Poissons et oiseaux de mer
Coquillages et crustacés
De Yann Riou et Daniel Giraudon
Edition Yorann Embanner
Après « Parole de gabariers » un livre de référence sur la vie des marins gabariers de Lampaul Plouarzel, par Yann Riou . Yann s’est associé à Daniel Giraudon pour écrire deux livres originaux l’un sur les poissons et oiseaux de mer et l’autre sur les coquillages et crustacés deux livres très riche rassemblant les expressions, témoignages et des histoires principalement recueillis le long de la côte de Bretagne Nord , un véritable travail d’ethnologie accessible à tous, avec une nombreuses expressions en breton et en gallo. Ces livres particulièrement bien illustrés avec des photos originales sont un véritable plaisir de la lecture, avec de belles découvertes au fils des pages.
Une Bretagne par les contours
Yann Lesacher
Tome 1 : De Plouër sur Rance à Fort Lalatte
Tome 2 : Du CAp Fréhel à Binic
Tome 3 : de Binic à Pleudian
Tome 4 : Du sillon de Talbert à Trégastel
Yann Lesacher parcours le côte de Bretagne Nord par le GR34 et dessine la vie de la côte aujourd’hui, avec de beau portait, la nature, les animaux, le patrimoine batit ou portuaire..
Un regard original précis et sensible, un sacré coup de crayon et de pinceau, et de la pertinence et beaucoup d’humours dans les commentaires font de ses reportages des beaux livres passionnant .
Lettres d'un capitaine terre-neuvas
Joseph Conan
Présentée par Martine Cocaud et Jean-Michel Auffray
Edition des Presses universitaires de Rennes
A travers les lettres du capitaine Joseph Conan de St Brieuc , a ses différents armateurs on découvre certain aspect du métier de capitaine marchand vers 1850 . Nous sommes dans le document brut d’époque, commenté avec pertinence par les auteurs.
Le capitaine Joseph Conan fut successivement, capitaine d’un navire faisait la pêche stationnaire à Terre-Neuve. Capitaine d’un navire armé au grand-cabotage puis au long-cours à destination du Brésil. Et en 1862 il fait une campagne pour la pêche à la morue en Isalnde au départ de Paimpol.
Le Peuple du rivage
Le littoral Nord de la Bretagne au XVIIIème siècle
Emmanuelle Charpentier
Éditions des Presses universitaires de Rennes
Livre remarquable, élaboré à partir de sa thèse de doctorat d’histoire intitulé « Le littoral et les hommes Espace et société des côtes nord de Bretagne au XVIII siècle » (2009) Emmanuelle Charpentier aborde l’histoire de la population littorale, avec une approche intéressante non exclusivement d’histoire maritime. En exploitant en particulier les archives des tribunaux, elle nous fait découvrir la vie des gens de la côte.
Je ne peux que regretter que les îles de Bretagne nord ne fassent pas partie du domaine traité, mais je comprends parfaitement ce choix de par la spécificité des îles.
Pêche au Gros en Baie de Lannion
André le Person
Edition Yorann Embanner
Après son ouvrage de référence "Lannion un port sur le Leguer" André le Person nous fait découvrir un aspect original de l’histoire maritime de la baie de Lannion.