Nous nous réjouissons que notre site fasse des émules. Les amis du Légué, à l’initiative du discret mais efficace Philippe Saudreau ont créé un site participatif pour partager sur l’histoire du port du Légué. Un beau début, pour commencer nous y trouvons quelques articles intéressants mais avant tout, la mise en ligne d’un gros travail de recherche dans les archives sur les bateaux inscrits auprès de l’inscription maritime du Légué. Ces bateaux sont classés par type (suivant la détermination par l’inscription Maritime) ce des informations vraiment intéressantes. On peut toutefois regretter que ces données ne soient pas dans une vraie base de données accessible en ligne par numéro type ou nom de bateau comme sur le site Bagou Coz pour les bateaux de Douarnenez.
Ce site promet un avenir intéressant et nous ne manquerons pas d’échanger avec ses auteurs.
Je vous laisse découvrir le site Histoire maritime du Légué
Pour des précisions sur la démarche des auteurs voici un article du Télégramme du 30 novembre 2017 sur le lancement de ce site
Ce titre est volontairement provocateur ! Que se passe-t-il à Pempoul le port de St Pol de Léon ? Depuis le début de la semaine, tractopelle s’affaire sur la grève de la partie ancienne du port de Pempoul , la destruction de l’ancienne petite cale avance vite et pour les journées du patrimoine du 16 et 17 septembre 2016 il n’en restera certainement plus rien ….
Cette modeste petite cale datée du milieu du XIXème fait partie des premiers aménagements portuaires de Pempoul, c’est, certainement, avec les restes bien dégradés de la chaussée courbe extérieure l’élément le plus ancien du port. Sur la carte marine de Beautemps Beaupré de la baie de Morlaix datée 1842, aucun aménagement portuaire n’est représenté pour Pempoul comme sur la carte antérieure des Ingénieurs géographe du Roi de 1780. Cette petite cale aurait été construite vers 1867.
Construit avec des petits moyens en pierres sèches de granit local à peine équarries, de par sa forme irrégulière et la mise en œuvre des matériaux elle est typique des constructions très locale construite sans plan elle est différente des ouvrages plus important en pierres de taille et aux lignes régulières. Cette cale est équipée de trois bittes d’amarrage en pierre.
Cette petite cale d’une cinquantaine de mètres de long 2.50 m de large et moins de 1 m à 1.50 m de haut était utilisée par les pêcheurs pour débarquer et certainement les sabliers et goémonier avant la construction du quai et de sa cale situé au nord de ce quai. Elle est peu utilisée la partie ancienne du port étant peu fréquentée.
Cette cale est relativement en bon état seule quelques pierres sont tombées à son extrémité sa partie inférieure est recouverte de goémon.
Dans le cadre du réaménagement du port lancé par la mairie, le conseil municipal de St Pol a pris la décision de faire détruire celle cale pour la faire reconstruire en béton recouverte de dalle de granit !
Est-ce comme cela que l’on traite le patrimoine maritime ? Quel en est l’intérêt ?
Le patrimoine maritime est fragile, le milieu maritime est soumis à de nombreuses contraintes tel le travail de sape de la mer ou la nécessité de protéger les mouillages ou les ports ou bien encore les usages actuels. Les ports n’ont jamais été figés et ont évolué au cours du temps et sont appeler à encore évoluer en créant de nouvelles structures, mais là ce n’est même pas le cas , cette cale du port est presque pas utilisée son intérêt principal est justement patrimonial il y a par conséquent aucun intérêt à cette reconstruction !
L’intérêt de cette cale était principalement patrimonial, j’en parle maintenant au passé car elle est à cette heure irrémédiablement détruite. Cette cale était juste un exemple de petite cale d’auto construction par les gens de mer autrefois si nombreuses et aujourd’hui devenue rare.
Ces lignes irrégulières le choix des pierres leur assemblages le montre bien la construction artisanale de cette cale bien éloignée d’une cale en béton recouverte de dalles régulière, cette nouvelle construction est un contresens total.
Le patrimoine maritime reste incompris ! Pour beaucoup de nos élus le patrimoine c’est des églises, des chapelles, des châteaux, des manoirs et
des maisons remarquables une petite cale construite et utilisée jadis par des petits pêcheurs et des goémoniers ne fait pas partie pour eux du patrimoine ! C’est certainement pour cela que l’on trouve à St Pol de Léon, deux poids, deux mesures : alors que la cathédrale de St Pol actuellement restaurée avec des grands moyens et une remarquable analyse historique et architecturale et une mise en œuvre des travaux réunissant de nombreuses compétences, la mairie
de St Pol donne l’ordre de démolir son petit patrimoine maritime.
Je m’indigne vraiment face à cette destruction et je vous invite à passer voir ce massacre du patrimoine maritime local pendant les journées du patrimoine le 16 et 17 septembre 2017.
Les capitaines et les marins de la presqu’île de Pleubian formaient, certainement, à la veille de la seconde guerre mondiale, la dernière communauté de marins du cabotage à la voile. En effet alors que les armements de voiliers au cabotage ont beaucoup régressé dans de nombreux ports bretons après la guerre de 14. Les gars de Pleubian et de sa presqu’ile, ont continué, jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, avec leurs belles goélettes et beaux dundées à assurer du transport à la voile depuis les côtes de Bretagne vers la Grande Bretagne. Assurant l’alimentation des côtes en charbon de Cardiff et l’exportation outre-manche des productions agricoles bretonnes, en particulier les oignons de Roscoff.
L’association Océanide « patrimoine maritime du pays de Tréguier » a monté cette exposition de photographies entre 1925 et 1940, en faisant une sélection pertinente dans deux fonds photographiques, le fond Jack Neale et le fond Ernest Le Foricher.
Dans les années 30, Jack K. Neale un jeune gallois de Cardiff, né en 1911, fils d’un armateur de chalutiers de ce port, tombe littéralement amoureux des goélettes et dundées bretons qui fréquente le port de Cardiff. Il discute avec les capitaines sur le temps de traversées et l’origine des bateaux, il prend des notes mais surtout fait de nombreuses photographies , quelquefois il sort en canoé en rade pour les photographier au mouillage, mais la majorité des photos sont au bassin avec des scènes de déchargements des photos des équipages à bord et aussi des naufrages sur la côte du pays de Galles. Ces photographies sont un témoignage formidable de la vie de ses derniers voiliers de cabotage. Son fils a bien voulu confier ses photographies à l’association Océanide pour réaliser cette exposition.
La seconde source de photographies, sont celles du capitaine Ernest le Foricher, il est au centre de la communauté de marins de presqu’île de Pleubian Jeune capitaine au cabotage alors qu’Il commande la goélette « Roscovite » il achète un appareil photo. Depuis les années 20, il photographie à bord de sa goélette, son équipage, sa famille, les enfants, ses amis marins. Ces clichés sont particulièrement vivants et illustrent bien la vie quotidienne à bord de ces bateaux de travail.
Pour les cartels de chaque photographie l’association Océanide, a identifié une grande partie des personnes photographiées et a décrit les différents aspects de la navigation au cabotage.
Cette exposition est à Tréguier du 19 juin au 31 aout dans les locaux de la brasserie Philomène, dans les anciens hangars en briques de la ligne de chemin de fer de Tréguier ce qui contribuent à l’ambiance industrielle du cabotage des années 30 Et, pour associer l’historique à l’agréable les bières Philomène brassées sur place sont particulièrement bonnes.
Le site de la brasserie http://www.philomenn.fr/
Jusqu’en 1958 Tréguier était un quartier maritime qui s’étendait sur les deux rives du Jaudy, le quartier de Tréguier avec pour les bateaux l’immatriculation T. Ce quartier comprenait les syndicats de Tréguier (communes de Tréguier, Pleudaniel, Pleumeur-Gautier, Trédarzec, Pouldouran, Troguéry, Hengoat, Pommerit-Jaudy, Plougrescant, Plouguiel, Minihihy Tréguier, La Roche Derrien, Langoat, Quemperven, Lézardieux), le quartier de Port-Blanc (Communes de Penvénan, Camlez, Trévou-Tréguignec, Coatréven, Trézény, Lanmérin) et enfin la presque-île avec le quartier de Pleubian (Communes de Pleubian, Kerbors, Lanmodez).
Le patrimoine maritime du pays de Tréguier est riche et varié et mérite largement d’être mis en valeur, c’est ainsi qu’en juillet 2016 c’est créé l’association Océanide, patrimoine maritime du pays de Tréguier sous la présidence de Jacqueline Gibson, petite fille de Joseph Nicolas, capitaine-armateur de la goélette Océanide de 1910 à 1939. Il était l’un des derniers capitaines ayant navigué uniquement sous voiles car, selon ses dires, « Pourquoi ferais-je installer un moteur alors que je suis le plus rapide ? » C’était en effet un capitaine hors-pair, naviguant par tous les temps et reconnu pour ses qualités humaines autant que pour celles de marin.
L’association a su regrouper au sein de son CA et de ses membres des compétences et de la passion pour l’histoire locale et le partage comme avec Guy Prigent, ethnologue maritime spécialiste du peintre Faudacq , Michel le Hénaff élu de Tréguier bien connu pour sa passion pour le patrimoine local et ses recherches aux archives départementales , André le Person auteur de la très complète étude sur le port de Lannion, « Lannion un port sur le Léguer » et spécialiste du cabotage et Jean-Pierre Cavan spécialiste l’histoire maritime locale de Perros, sans oublier Marc Rapillard, notre photographe expert en photographies anciennes de Bretagne, et aussi Alain Bohée, expert des fortifications littorales, qui dirige, lui aussi, des causeries sur le résultat de ses recherches qui concernent actuellement les bateaux impliqués dans la première guerre mondiale, et Pierre-Yves Decosse, créateur du site Histoire maritime de Bretagne nord.
L’association Océanide a pour but de participer à l’inventaire du patrimoine littoral et maritime du Pays de Tréguier (en complément et en lien avec le service régional de l’Inventaire) sous tous ses aspects matériels et immatériels : un état des lieux de ce qui existe encore aujourd’hui ou a disparu, représenté par :
- des objets maritimes témoins de l’histoire maritime locale,
- les infrastructures portuaires et les ouvrages d’art du génie civil de notre littoral trégorrois,
- des photos et tableaux de bateaux, mais aussi à travers le collectage, les témoignages d’anciens capitaines et marins ou de leurs descendants,
- un descriptif des pratiques et des usages littoraux, goémoniers, sable et maërl, ostréiculture de cueillette ou d’élevage, pêche côtière et bornage.
Ce patrimoine mérite d’être valorisé et restitué à la population locale. Il est susceptible également d’intéresser le public touristique. Dans ce but, l’association a signé une convention avec la ville de Treguier et est en cours de négociation avec Lannion Trégor Communauté pour présenter dès l’été 2017 plusieurs expositions (photos et maquettes) et des bâches imprimées avec l’iconographie du fond du peintre Faudacq et les magnifiques photographies de Jack Neale des dernières goélettes bretonnes, en extérieur sur différents sites maritimes entre les deux estuaires de Tréguier et du Trieux.
L’organisation de conférences et de causeries sur différents thèmes est également dans les projets de l’association Océanide
Les centres d’intérêt et les thèmes de travail sont variés : tel Faudacq et les autres peintres ayant peints les activités maritimes du pays de Tréguier, le cabotage et le bornage, la grande pêche, les amendements marin : sable, maerl et goémons, la pêche cotière, les pêche d’estran, les huitres, les pêcheries, les constructions littorales, cale, quai , phares et balises, les activités liées à estuaire : four à chaux, moulins, entrepôts de commerce, les constructions navales les ex-voto, les loisirs maritimes, les naufrages, fortunes de mer
Comme toute autre association, nous avons besoin d’aide. Nous aimerions prendre contact avec toutes les personnes qui peuvent nous assister dans nos recherches en proposant des photos, tableaux, journaux de bord, objets maritimes, plans de bateaux.... ou simplement prêtes à être interviewées sur leur carrière de marin ou celle de leurs parents. Tout nous intéresse !
Si vous voulez seulement nous soutenir, la cotisation est de 10 euros par année.
N’hésitez pas à prendre contact avec la présidente de l’association Océanide Jacqueline Gibson
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Le projet ID-îles est passionnant et original dans la forme, associant la recherche universitaire de Louis Brigand sur les îles, la thèse de Laura Corci, une émission de TV régulière sur Tébéo, l’association des îles du Ponant et tout le milieu entrepreneurial et associatif des îles.
A découvrir sur le site ID-iles
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Arnaud Lampire, un passionné du port de Moguériec et de son histoire, également connu pour ses beaux travaux de matelotage du « Comptoir de la fleur de France » vient de créer un site web consacré à l’histoire du phare de Moguériec : « La sentinelle du marin l’étonnante destinée du phare de Moguériec »
Une passionnante enquête historique
On espère que son auteur va nous relever d’autre aspects de l’histoire de ce port au destins particulièrement intéressant
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Le port de Primel Le Diden a un passé palangrier important, le Kalinka, construit au chantier Roland en 1965 a pratiquer la pêche jusqu’en 1996, il repose actuellement au fond du port à proximité du chantier qui l'a fait naitre.
Voici un vrai reportage d'ethnologie maritime réalisé par la Web TV de Plougasnou Bobine en bourg avec les témoignages de Michel Roland son ancien patron du Kalinka et de Jean
Roland fils du constructeur
Un beau projet a vu le jour. Une initiative du conseil régional de Bretagne et du Pays de Morlaix a permis le lancement d’un inventaire du patrimoine maritime du pays de Morlaix.
Cet inventaire portant sur 22 communes littorale et d’estuaire est particulièrement original, car participatif. En effet, pour cet inventaire il est fait appel aux bénévoles, avec des enjeux humains important : Impliquer les habitants dans l'Inventaire pour créer une mobilisation citoyenne. Mona Le Goff en mission pour le pays de Morlaix est en charge de la coordination de l’inventaire de la formation et de l’animation de ce groupe de bénévoles. Sa compétence, sa patience, et sa bonne humeur en fond une correspondante incontournable qui se rend toujours disponible pour les questions les plus diverses
Le patrimoine maritime est vaste et diversifié, l’identité maritime du pays de Morlaix est mal connu, cet Inventaire financé par le Conseil régional de Bretagne entre dans le cadre général de l’inventaire culturel pris en charge par les régions
Cet inventaire est très ouvert et concerne tous les ouvrages, mobiliers ou immobiliers, qui n'existeraient pas sans la présence de la mer et peut porter sur tout éléments de plus de 30 ans .
Apres identification des éléments du patrimoine maritime, des notices sont rédigées sur la base en ligne, les éléments sont géo localisés, après validation ces notices sont accessibles sur l’interface Kartenn http://kartenn.region-bretagne.fr/mviewer/ dans la partie Inventaire du patrimoine, recensement local. Dans un second temps des éléments du patrimoine sélectionnés dans cet inventaire feront l’objet d’études approfondies
Pour l’île de Batz la jeune association GladEnez, participe à cet inventaire, le domaine est vaste et l’on pourrait presque dire que l’ensemble de l’île répond au critère de l’inventaire du patrimoine maritime « n'existeraient pas sans la présence de la mer »
Nous avons bien sûr, les bateaux qu’ils soient encore à l’île ou pas, mais le balisage, les cales, le mole, les abris des canots de sauvetage , les sémaphores. mais nous pouvons aussi ajouter à cet inventaire les « maisons de capitaines » ou les fours à goémon. Un vaste projet passionnant dans lequel je suis impliqué.
Pour en savoir plus : le site du Pays de Morlaix
Le patrimoine maritime bâti de Bretagne nord est constitué d’une multitude d’ouvrages d’art, môles, quais, cales, bassins, écluses, tourelles, grands phares en mer, phares à terre, petits phares ou fanaux dans les ports.
Souvent ce patrimoine est modeste et peut être estimé, à tort, comme insignifiant. la moindre petite cale ancienne fait partie de notre patrimoine, elles ont toutes une histoire.
Le port de Moguériec, de la commune de Sibiril, à partir des années 20 a eu une histoire maritime particulièrement riche. armant une flottille importante à la pêche aux casiers.
Si bien que le mot Moguériec est devenu un nom commun pour désigner les bateaux et les pêcheurs de ce port, sur la côte nord de Bretagne on dit les moguériecs. La mémoire de la flottille les années 70 est encore bien vivante avec des bateaux comme « fée des légendes », « stéréden an espérance », « rayon de soleil », « kastel paol », « Marie des îles »
Jadis, dans les années 20, la petite anse de Moguériec offrait qu’un abri précaire si bien que l’île de Sieck, de l’autre côté de la baie, offrait le meilleur abri au pêcheurs de Sibiril. La pêche locale se développant, les pêcheurs partant de plus en plus loin sur des bateaux de plus en plus gros, le besoin d’améliorer le port par est môle devient crucial. Commencé avant-guerre , c’est en 1961 que ce môle est achevé dans la configuration actuelle. Pour entrer de nuit , il faut baliser le mole et avoir un alignement pour parer les roches de l’extérieur Un feu à terre et un feu au bout du mole sont installés par les Phares et Balises. L’alignement des deux feux isophases verts donnent une route au 162°
Au bout du môle, est installé un petit phare récupéré à Brest, il a déjà une longue histoire derrière lui, c’est un ancien feux du port de commerce de Brest. A la création du port Napoléon, vers 1860, les extrémités des jetées ont été balisées par de feux de port à structure métallique appelé également fanaux. Nous sommes dans la seconde moitié du XIXème et les structures en fer assemblées par rivets sont utilisées dans de nombreux ouvrages d’art.
D’un coût moindre à la construction que les phares en pierres, ces fanaux sont produits à des dizaines d’exemplaires, et sont même exporté vers l’Espagne, le Portugal ou l’Amérique du sud.
L’entreprise industrielle Sautter et Lemonier, s’en ai fait une spécialité et les propose sur catalogue. Ils sont livrés en pièces détachées et sont assemblés sur place. Les différentes pièces ne dépassent pas 6.6 m de longueur pour être aisément transporté par chemin de fer.
En 1867, un phare de ce type est présenté à l’Exposition Universelle de Paris. Son poids est de 14 210 kilogrammes il est expédié, à St Quay Portrieux par une livraison de 71 caisses en bois, pour être assemblé au bout de la jetée en 1878. Ce petit phare a été bien conservé et est de nos jours encore opérationnel. Une notice le décrit bien.
Mais revenons à notre petit phare de Moguériec.je n’ai pas retrouvé son histoire exacte, il est certainement légèrement postérieur à celui de St Quay Portieux . La maison Sautter et Lemonier ayant fait évoluer son modèle d’une section octogonale vers une section ronde. Il a été construit, à mon avis, entre 1880 et 1900. Je n’ai pas identifié non plus l’endroit exact où il a été démonté au port de Brest.
Toujours est-il que ce type de phare, sans être unique, n’est plus très courant et représente parfaitement l’époque de la prospérité des Phares et Balises, il est important de la sauver.
Actuellement le phare présente des signes de vétusté, mais surtout son soubassement en béton est fissuré. L’administration des Phares et Balises propose de le remplacer par un fanal moderne tripode plus léger.
Que va devenir ce petit phare ? Les pêcheurs, la population locale est attachée à son phare et montre son inquiétude .
Une manifestation sur le port a été organisée sur le port de Moguériec le 08 mars 2015
Une page facebook a été créé
Une pétition pour la sauvegarde du phare de Moguériec a déjà plus de 1100 signatures, elle sera adressé au ministre
Sauvons le phare de Moguériec !
Bibliographie et liens :
Phares de JC Fichou, Noel le Henaff et Xaviel Mével éditions de l’estran.
Fonte et fer dans les phares de France sur le site Phare
de France
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Je suis heureux de vous présenter un article rédigé par le modéliste de talent Dominique Castagnet sur la restauration d’un modèle d’un brick goélette du XIXème siècle provenant de l’ancien chantier Laboureur de Paimpol.
Monsieur Charles Laboureur m’a contacté il y a quelques mois pour me demander de lui restaurer une maquette de brick-goélette qui était dans sa famille depuis plusieurs générations. Elle avait subit maints déménagements et les outrages du temps. Il me précisa alors qu’il était le descendant en ligne directe de la famille des charpentiers de marine paimpolais Laboureur.
Laboureur, le nom me disait quelque chose. Me replongeant dans l’ouvrage de Jean Le Bot, Les Bateaux des côtes de la Bretagne Nord, complétant ma recherche sur Internet, je découvrais que Louis, Pierre, Marie Laboureur, installé en 1860 comme charpentier de marine à Paimpol dans l’atelier de son père, est celui qui a mis au point la célèbre goélette islandaise et son hunier à rouleau (lire en annexe l’histoire résumée du chantier Laboureur).
Le respect s’imposait !
Quant à la maquette, si ce n’est pas la représentation d’une de ces fameuses goélettes, il s’agit d’un très beau brick-goélette de cabotage aux lignes élégantes et au gréement très complet. Elle mesure 1,34 m. de long hors tout et un mètre de haut.
Ainsi, le phare carré de misaine comprend une misaine ferlée, un petit hunier fixe, un petit hunier volant, un petit perroquet fixe et un petit perroquet volant. Trois voiles d’étai sont établies entre les mâts dont la plus basse, dit foc d’artimon ou grand-voile d’étai, est bômée.
Le grand mât porte une grand-voile à corne dite brigantine et un flèche sur mât de flèche. La réalisation du gréement est d’une grande justesse. Les drisses de hunier volant et de perroquet avec leur itague en chaîne et leurs palans sont très détaillées. De même, sur chaque mât, on trouve de forts palans de charge crochetés sur un anneau de pont, près des panneaux de cale (plutôt étroits pour un navire de charge).
Ce modèle présente la particularité d‘être équipé sur le gaillard d’avant d’un cabestan et, juste devant le mât de misaine, d’un guindeau à brimbale destiné au relevage des ancres. Les deux appareils étant, selon moi, un peu surdimensionnés, mais peut-être rappelaient-ils de mauvais souvenirs au matelot devenu maquettiste.
Quelques amis fins connaisseurs du patrimoine maritime, après avoir admirés la maquette, la datèrent des environ de 1870. La présence à la fois d’un cabestan et d’un guindeau, et l’étroitesse des panneaux de cale, entre autres éléments, argumentaient dans ce sens.
Et pour la touche finale, sur tribord, on trouve une échelle de coupée et un joli canot suspendu à ses porte-manteaux.
Se pourrait-il que cette maquette, présente dans la famille depuis plusieurs générations, provienne du chantier Laboureur ou d’une personne très proche, charpentier ou gréeur ? Car le chantier ne construisait pas que des goélettes de pêche mais aussi des bricks de cabotage, des yachts, etc.
A réception, la maquette était très fatiguée et poussiéreuse, le gréement mal en point, les cordages sectionnés ou « cuits » par le temps. Les voiles et les vergues pendaient lamentablement, le beaupré était cassé. Cependant, on percevait un grand et beau travail de précision. Même si par certains aspects l’objet présentait un caractère naïf, j’étais impressionné par tous les détails du gréement et par les formes très belles de la carène et de sa tonture. De plus la coque était monobloc.
M. Laboureur voulait que je remette le gréement en ordre et que je fasse un bon nettoyage tout en gardant le cachet ancien du modèle.
Les photos prises avant et après la restauration donnent, me semble-t-il, une bonne idée du travail opéré. La majeure partie des cordages a dû être remplacée, la difficulté étant de trouver le filin le plus ressemblant à l’original.
Manœuvre des ancres
Une particularité de cette restauration m’ayant posé problème concernait la mise à poste des ancres sous leurs bossoirs. Comment diable pouvait-on remonter et saisir une telle masse ?
Je livre ici le fruit de mes réflexions et la façon dont j’ai résolu le problème, ainsi que les questions qui pour moi demeurent, me soumettant bien volontiers aux critiques constructives de lecteurs plus compétents que moi.
Les ancres pendaient de chaque bord avec des bouts de chaîne à proximité. En consultant le dictionnaire de marine de Willaumez aux mots capon et caponner, j’en ai déduit les manœuvres suivantes applicables à cette maquette, et sans doute aux bricks du chantierLaboureur.
Avec le guindeau à brimbales, on relève l’ancre jusqu’à ce que l’organeau (ou cigale) ainsi que le jas émergent. Le croc de la caliorne de capon, fort palan à quatre brins qui passent en bout de bossoir, est alors crocheté à l’organeau.
Comment ? A mon avis, un homme était dans le canot à proximité, ou debout sur le jas.
Puis, le garant du capon est enroulé autour du cabestan qui remonte l’ancre au maximumsous le bossoir.
Une bosse-debout en chaîne, suspendue sous le bossoir, est alors passée dans l’organeau. Cette chaîne est gréée d’une façon particulière : son dormant est fixé sur un piton à œil sous l’extrémité du bossoir, la bosse passe dans l’organeau de l’ancre, le garant, qui se termine par un anneau fait retour à travers le bossoir. Sur le bossoir, une plaque métallique entoure le trou et un crochet plat vient traverser l’anneau et bloque la bosse-debout.
Ensuite, on trouve en arrière du bossoir de capon, un second bossoir, dit de traversière, en forme de porte-manteau et muni d’un palan. On crochète ce palan au diamant ou sous une patte de l’ancre, laquelle est basculée à l’horizontale le long du bord. Puis on saisit l’une des pattes avec une bosse en chaîne qu’on tourne sur une forte bitte au pied du porte-manteau. et on décroche le palan. L’ancre est alors correctement saisie pour la pleine mer.
Dominique Castagnet 2013
Commentaires :
En plus des remarques de Dominique sur ce magnifique modèle, autres éléments m’interpellent, et peuvent faire penser à une constructeur extérieur à Paimpol les haubans sont ridés avec des ridoirs métalliques et pas avec des caps de moutons généralement utilisé sur les constructions paimpolaises. Les cadènes de haubans sont en dedans des pavois. La décoration du tableau arrière est bien grande et reprend sur les cotés. Les bossoirs d’embarcation et l’échelle de coupée ne sont pas sur des navires armés au cabotage, mais sont souvent sur des navires de la royale, cela évoque peut être un souvenir particulier pour le constructeur de ce modèle. L’histoire du chantier Laboureur fer l’objet d’un futur article conséquent.
Dominique Castagnet est un homme qui fait vivre le patrimoine maritime à travers ses modèles Pour découvrir le travail de restauration et de création de Dominique Castagnet visitez son site web
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La version longue de l’article écrit paru dans le Chasse-Marée N°254 d’octobre 2013
Il y a mille et une manières de venir à la mer. Pierre-Yves Decosse a plongé dedans, à l’âge des tartines et du chocolat chaud, en faisant des exercices de navigation! Quand il avait dizaine d’années, son oncle Fanch lui donnait des problèmes à résoudre sur des cartes marines : il revenait dix minutes après, tout fier, le cahier noirci de résultats. «Tonton Fanch» devait être épaté par ce neveu si assidu en calcul, qui excellait aussi sur l’eau quand il l’amenait faire des travaux pratiques sur son pêche-promenade autour de l’île de Batz : l’été, dans la brume, le moteur réglé sur cinq nœuds, la navigation se faisait à l’estime et c’est à la minute près qu’apparaissait la tourelle indiquée sur la carte.
Précocement nourri des souvenirs de ce pilote de la flotte, spécialité de la Marine nationale, Pierre-Yves Decosse passait toutes ses vacances enfantines sur l’île de Batz, berceau de la lignée maternelle. L’île a de tout temps enfanté maîtres au cabotage et capitaines au long cours: entre 1815 et 1880, selon le recensement établi par Pierre- Yves, il y en eut cent trente, dont treize portait le nom de Floch, le nom desa mère. Dans l’arbre généalogique, où Pierre-Yves est remonté jusque vers 1660, il salue Yves Floch (1837-1907), le dernier capitaine au long cours de la famille. Après lui, les hommes ont intégré le corps des fameux hussards noirs de la République, qui cultivaient aussi un certain goût de l’indépendance.
Son arrière grand-père, Michel Victor Floch, instituteur sur l’île, est aussi l’auteurd’un livret de pêche et de navigation que les élèves du littoral devaient potasser pour le certificat d’études en 1898. Du côté paternel, rien à voir avec l’eau, mais plutôt avec le feu. Son grand-père et son père, réunis autour de la petite forge de l’atelier de la banlieue parisienne, étaient maîtres fumistes et chauffagistes.
Pierre- Yves, à qui l’on inculque la nécessité de se pourvoir d’un bagage intellectuel afin de se mouvoir avec plus d’aisance dans la vie, a cependant le droit de disposer desoutils à bois. Il ne s’en prive pas et met bientôt son habileté au service du canot Penn Sardin de chez Balouin de Douarnenez, acheté par son père et gréé d’une misaine. Baptisé Pico (pour Pierre-Yves et Corinne, les deux enfants), le canot navigue autour de l’île de Batz avec une quille taillée par le fiston dans une poutre en chêne.
Avec le Pico, Pierre-Yves s’adonne à la pêche, dont il est un mordu. Des anciens qui traînent sur le quai, il apprend l’essentiel, avant de découvrir le reste tout seul. Il pose trémail et casiers, reconnaît peu à peu les courants et les contre-courants et se met « à la place des poissons pour comprendre les endroits qu’ils fréquentent, où ils peuvent s’abriter. Je laissais dériver le bateau en basse mer de vives-eaux et j’observais les fonds, les limites entre les laminaires et le sable, je repérais les coins à homards… On me suivait au fumet quand je me laissais dériver pour trier les crevettes, car la boette sentait vraiment très fort !»
En hiver, privé de mer comme d’autres le sont de récréations, il plonge dans les bouquins. Le jour où il ouvre Bateaux de Bretagne Nord de Jean Le Bot, son goût pour les bateaux traditionnels grandit passionnément. Il observe les croquis, se passionne pour les gréements, les formes des carènes, cherche à comprendre leurs liens intimes. Il lit le Chasse- Marée depuis le premier numéro et fréquente à Paris la librairie Artaud, où « parfois, il y avait Florence ». Inscrit en lycée technique, il obtient un bac E en 1984, après avoir baigné comme un poisson dans l’univers technologique. «Ce qui m’intéresse avant tout, c’est de comprendre comment ça marche. La mise en œuvre des matériaux et des formes. C’est pareil pour les bateaux que j’aime appréhender dans tous les aspects techniques.» Il fera l’INSA à Rennes – histoire de mettre un pied en Bretagne–, puis orientera sa recherche d’emploi en fonction d’un seul critère: «pas trop loin de la mer»! Ce sera Lannion où il intègre comme ingénieur électronique une petite entreprise de télécommunications, avant de rejoindre, plus tard, France Télécom avec un petit passage à la Cité des Télécoms. Pendant ses études à Rennes, Pierre-Yvespasse beaucoup de temps à Batz et pêche autour de l’île à bord de Fleur de lys, un Sibiril de 8,50 mètres, ponté, très bas sur l’eau, qui officiait comme caseyeur-fileyeur avec son patron, Pierre Sénant. « C’était un ancien goémonier, souriant et généreux, qui était toujours content d’embarquer du monde; il prenait même sa femme avec lui de temps en temps. À bord, il nous laissait faire ce qu’on voulait, on naviguait sans radar, ni GPS, il avait tous ses alignements en tête pour retrouver ses casiers ; pour les homards, c’était vraiment au ras des cailloux. Parfois, en février, par ciel clair, il faisait tellement froid que les araignées qui étaient au-dessus des autres gelaient avant d’arriver au port.»
L’été 1987, l’atmosphère s’est réchauffée. Pierre-Yves répond à une petite annonce de l’école de mer du Trégor, qui propose un stage de formation de chef de bord pour le lougre An Durzunel. Pierre-Yves embarque à Bréhat avec Christophe Kerneau et, littéralement emballé, passe trois semaines sur place au lieu d’une prévue. « La découverte de la navigation à la voile seule et du Trégor a été un pur bonheur. Tréguier, Port-Blanc, La Roche-Jagu, Ploumanac’h… sont des lieux que j’ai vus pour la première fois par la mer. Quand on rejoignait Durzu, il y avait Anne Renault sur sa prame norvégienne, Ronan Merlateau dans un kayak cousu en toile à voile peinte, et moi dans mon coracle rond; on refilait les outils à Anne, bien sûr, très classe dans sa prame et, moi, j’arrivais toujours le dernier !»
L’expérience lui plaît tellement qu’il revient en 1988 comme équipier et chef de bord sur le Saint-Guénolé. Il louera aussi An Durzunel avec des amis pour naviguer dans le Trégor. «On n’avait pas d’impératif de temps, on chopait le bulletin météo à la cabine téléphonique ou le soir sur France Inter. Une fois, on a fait l’île Rouzic-Ploumanac’h sans toucher à la barre par mer calme et vent faible.»
Pour continuer à naviguer au gré du vent et des courants, Pierre-Yves et un de ses amis, Philippe Bellec, se construisent en 1993 deux Doryplumes en bois. Morvran (cormoran, corbeau des mers en breton) a aligné pas mal de milles avec Pierre-Yves qui apprécie cette approche de la navigation en solitaire à l’aviron. En 1994, il reprend drisses et écoutes sur la réplique de flambart, Ar Jentilez, lancé en 1992 à Perros- Guirec. «On était plusieurs jeunes à rejoindre l’association, c’était sympa. J ’organisais des sorties de quelques jours, avec cabanage. Un jour, pour avoir voulu descendre tout le Jaudy à la voile en tirant des bords, j’ai failli affronter une mutinerie, car les équipiers en avaient marre de manœuvrer ! » Il n’y avait pas que des mutins à bord, mais aussi une jeune femme mutine qui s’appelait Marie-Laure, et qui est aujourd’hui sa femme!
«Une autre fois, alors qu’on mouillait dans le Jaudy, le matin on a vu arriver Yvon Clochet à la godille : il venait nous livrer les croissants ! » Entre Pierre-Yves et Yvon Clochet, le charpentier qui a construit, entre autres, Ar Jentilez, An Durzunel, la Pauline et le Grand Léjon, va naître une belle amitié. Proche de la retraite, Yvon construit alors le bateau de se rêves, Amzer Zo– avec une salle des machines desservie par sa propre descente et une cuisine carrelée ! Pierre-Yves dessinera le plan de voilure et les emménagements et réalisera avec Marie-Laure le gréement courant du sloup, avant de rejoindre avec Yvon et sa femme Rolande les fêtes de Brest 96.
Pierre-Yves, qui a pris entre-temps un peu de distance avec Ar Jentilez, est rappelé par l’association en 2005. Il devient cette fois co-président et crée un blog, alimenté par les récits de sorties en mer et les événements qui rythment la vie de l’association, dans le but d’intéresser des jeunes. «Même en hiver, j’essayais de mettre un article par semaine en ligne, dont certains parlaient de l’histoire maritime locale. Il y avait beaucoup de connexions… mais ça n’a pas attiré plus de jeunes ! »
En revanche, Pierre-Yves s’est constitué une base de données maritimes qu’il n’a cessé d’enrichir depuis. En 2010, pour partager sa passion, il crée son site Internet, baptisé Histoire maritime de Bretagne nord, qui est une référence en la matière.
L’un des premiers dossiers complets concerne la construction de Kernoc’h, dont on peut suivre toutes les étapes en photo sur le site. Ce plan François Vivier est un petit sloup semi-ponté, une construction bois- époxy. La personnalité de son patron s’exprime dans les finitions, avec un joli motif, réalisé par une engougure sur la coque, le barrot de banc ouvragé et l’ajout d’un coffre à l’arrière.
Le plan de voilure a été redessiné par Pierre- Yves pour se rapprocher du gréement des cormorans (la bôme a été rallongée, le foc arrive en tête de mât et la surface totale des voiles passe de 14,3 à 15,8 mètres carrés). Les voiles, en polyester imitant le coton écru, ont été réalisées par son amie rencontrée autour d’An Durzunel, Anne Renault (la voilière de l’Hermione), avec des finitions à l’ancienne, pattes à cosse et queues de rat. La coque est jaune d’or, avec un antifooling noir… à ne pas confondre avec une cardinale Sud quand il a les passavants dans l’eau! En 2011, le Kernoc’h, du nom du port, d’un îlot et d’un amer de Batz, est prêt à rejoindre son mouillage de Port-Blanc, à quelques kilomètres de la maison de Rospez où il est né et où il revient hiverner chaque hiver.
Quant au site Internet, c’est une mine d’informations : plus de cent cinquante articles publiés à ce jour et des centaines d’illustrations, dont de magnifiques gravures de bateaux corsaires du XVIIIe siècle, retrouvées à Dieppe, des tableaux, des cartes marines anciennes, des cartes postales rares… Classées dans différentes rubriques (activités maritimes, construction navale, gens de mer, île de Batz, sur le pont…), ces articles, très documentés, sont puisés à la source, c’est-à-dire au service historique de la Marine ou sur les fonds numérisés disponibles via la Bibliothèque nationale de France, les bases de données Joconde ou Europeana.
Pierre- Yves se dégage dés qu’il peut des heures pour aller consulter les matricules de pilotes, les registres de désarmement, les rôles d’équipage, les bulletins de sociétés d’émulation, les journaux régionaux ou les périodiques anciens, tels la Revue maritime et coloniale ou les Annales du sauvetage maritime…
« Ce site, au début, c’était un peu pour réparer une injustice, car peu de livres se sont intéressés à la Bretagne Nord. J’estime que le patrimoine maritime n’appartient à personne et qu’il faut le partager. Internet est un bon outil en ce sens qu’il permet d’échanger des contenus intéressants gratuitement.» Et comme les livres coûtent cher, Pierre-Yves a aussi créé sur son site une bibliothèque virtuelle qui référence pas moins de dix-sept dictionnaires de marine, dont il avoue ne posséder qu’une petite dizaine! «C’est un travail d’historien amateur, parfois doublé de celui d’enquêteur, car quand je reprends un vieux fait divers, je cherche à situer sur une carte où a pu se produire le naufrage, je compare les toponymies anciennes et récentes, je regarde les horaires de marée du jour en question sur le site du SHOM, bref, j’essaie de retrouver un maximum d’informations sur l’histoire que je raconte. » Ainsi, lorsqu’il reprend un article paru en décembre 1904 dans Ouest- Éclair, Pierre- Yves représente sur une carte marine la trajectoire du remorqueur à voile qui a tiré la baleine de 20 mètres, échouée dans l’Ouest de l’île de Batz, pour l’amener jusqu’au laboratoire de biologie marine de Roscoff… au grand dam du nobliau local qui espérait conserver son squelette en son jardin! Les sujets les plus variés sont abordés. On y lit, pêle-mêle, le bilan des pêches de l’année 1894 sur tous les ports de Bretagne nord ou le rapport d’inspection sanitaire des goélettes de pêche bretonnes en Islande de 1911; on y découvre l’histoire du port abri des Sept-Îles ou celle de la compagnie des paquebots du Finistère ; on peut passer huit jours avec les pilotes de Saint-Malo et Saint-Servan, déplorer la suppression de l’amarrage sur pieux à port Lazo en 1867 ou s’inquiéter de la mine de charbon qui gît en rade de Perros après le naufrage du dundée Météore; on sait tout des phares du littoral et on sourit avec l’amusante histoire du chat Bouchiq sur le Voltigeur.
Grâce à ce site, Pierre-Yves Décosse a pu nouer des échanges avec différents spécialistes du patrimoine maritime. Quant à son application Facebook, elle lui a permis de converser avec un turc, «francophile et un peu francophone » qui, pour être tombé amoureux d’An Durzunel, souhaite construire un lougre du Trégor sur les rives du Bosphore !
Pierre- Yves, qui a le savoir partageur, aimerait bien qu’un réseau de chercheurs, mêlant amateurs et universitaires, voie le jour autour du patrimoine maritime de sa région. « Pourquoi ne pas organiser, par exemple, un mini-séminaire sur un bateau d’ici pour faire connaissance ? » L’invitation est lancée ! Son rêve serait aussi de trouver des archives familiales et il lance régulièrement des appels à la population pour l’inciter à aller fouiller dans les greniers… Avec tout ça, l’historien autodidacte se demande s’il ne va pas reprendre des études pour mener à bien une thèse sur un sujet qui mêlerait technique et maritime.
Avec la passion qui l’anime, rien ne semble l’arrêter… Pierre- Yves Decosse n’est pas seulement un rat de bibliothèque – formé aux technologies les plus modernes –, il est aussi coureur de grèves et butineur d’épaves. « Les petits chaumards, là, sur Kernoc’h, je les ai trouvés sur une épave de Batz! Quand j’étais petit, je descendais à la grève avec mon vélo et la carriole derrière pour mes outils. Il y avait des épaves de gabares qui ont fait le sable jusqu’en 1958 dans le chenal. Une fois, j’ai passé trois jours à découper une chaîne de crapaud ! » Son fils Thomas semble avoir pris la relève, même si pour l’instant, il ramène surtout des coquillages vivants… qu’il oublie dans ses poches, évidemment!
D’avril à mi-novembre, dés qu’il le peut, Pierre- Yves embarque avec sa femme, Marie-Laure, Thomas, sa fille Margaux –ou les trois à la fois – pour rejoindre Kernoc’h. Ce samedi-là, la truffe au vent, seule Falbala, l’un des deux Golden Retriver de la famille, l’accompagne. « J’ai deux casiers et un trémail à relever. » Le foc et la grand-voile hissés, Pierre-Yves prend la barre et l’écoute de grand-voile à la main, cap sur l’île Saint-Gildas. Les casiers, fabriqués par Barthélémy Guellec, un pêcheur retraité de Beuzec-Cap Sizun, sont en osier les flotteurs en liège, les orins en chanvre, la vieille qui sert de boette a été pêchée la veille dans le trémail, et toute la navigation se fait à la voile seule. Le homard a juste la taille réglementaire, mais avec les araignées, prises au casier et dans le trémail, le repas du dimanche est assuré !
Nathalie Couilloud
Publié sur ce site avec l’aimable autorisation du Chasse-Marée
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Nicolas Yvin, charpentier de marine, a lancé, en 2012, à Roscoff, un très beau projet : Reconstruire le yawl Roscovite.
Le « Roscovite » est symbolique à plus d’un titre. En effet en 1886, le jeune yachtman Jacques de Thézac commande au chantier Kérenfors de Roscoff un petit yacht.
Le Roscovite est un symbole de l’architecture et la construction navale traditionnelle
L’activité chantier Kerenfors de Roscoff, tout au long du XIXème siècle , se situe à l’intersection entre le cabotage, la pêche, le pilotage et le yachting. Le charpentier Anselme Kerenfors est comme sont père Hyacinthe aux origines de la plaisance locale, pratiquant eux même les régates. Ces influences mutuelles entre la plaisance et la pêche est à l’origine des pratiques des chantiers de Carantec au XXème siècle.
Hyacinthe et Anselme Kerenfors riches de leur expérience de charpentier avaient le génie des formes, il concevaient leurs plans d’après des demi-coques. Leur chantier, multiséculaire, était en haut de la grève, en plein cœur de Roscoff.
Le Roscovite est un symbole du yachting
De part ses dimensions modestes, le yawl le Roscovite est à l’image de nombreuse expérience faite par les architectes navals de cette époque
Caractéristiques du « Roscovite » construit en 1886
• Longueur de tête en tête 8 m 85
• Longueur à la flottaison 7 m 36
• Largeur 2 m 64
• Tirant d’eau 1 m 35
• Surface de la grand-voile 26 m2
• Surface du foc 9 m2
• Surface de la trinquette 11 m2 50
• Surface du flèche 7 m2 30
• Surface du tapecul 7 m2 30
• Surface totale de voilure 61 m2 1
Sont gréement de yawl, nom pour la plaisance du cotre à tapecul, est original. Jacques de Thézac, pratique avec le Roscovite de la petite croisière côtière et l’inscrit à plusieurs régates qu’il remporte haut la main
Les propriétaires successifs du Roscovite n’en sont pas moins symbolique
Jacques de Thézac, jeune yachtman, mais avant tout passionné du monde de la mer, proche des marins, cet humaniste fut à la création de l’œuvre des abris du marin et de l’almanach du marin Breton. Plus tard le Roscovite fut la propriété du peintre Paul Signac un amoureux de la Bretagne et des bateaux
Un bateau dont la mémoire a été conservé
Les plans originaux du Roscovite ont été publié dans la revue le Yacht, la demi-coque de chantier est conservé dans la famille des descendants de Jacques de Thézac, de nombreuses photos du yawl existent, elle n’ont certainement pas été toutes identifiées .
Ces éléments ont permis à Claude Mao d’en tracer le plan pour le Chasse-Marée.
La reconstruction
Créé en avril 2012, l’association Bag Noz, a pour objectif de reconstruire et de faire naviguer le yawl le Roscovite. A l’automne 2012 le tracé de l’épure, plan de la coque en vrai grandeur, a permis de réalisé les gabarits des principales pièces de charpente.
Si ce projet vous intéresse :
L’assemblée générale 2013 de l’association Bag Noz Roscovite aura lieu le samedi 19 octobre à 10h30 à la maison des associations à Roscoff
Sources et liens :
Article de ce site sur les deux Roscovites
Plan du Roscovite de Claude Mao le chasse marée 2010
Le yacht du 31 mars 1928 N°2349
Le chasse-Marée N°125 article sur Jacques de Thézac de Frédéric Tanter
Histoire du chantier Kerenfors
Petite revue de presse:
Ouest France du 29 octobre 2012
Ouest France du 05 septembre 2012
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Lorsque les mauvais jours arrivent, avec ses cortèges de temps à grains et des coups de vents. Il est temps de désarmer les canots pour passer l’hiver.
Un jour de grande marée, le propriétaire va échouer son canot en haut de la grève, sur une vasière bien à l’abri de la houle et des coups de vents. Ils retrouve ses amarres laissées là depuis le printemps, ou en place de nouvelles, sur l’arrière deux corps morts sommaires , une vieille ancre un caillou entouré d’une chaine, sur l’avant deux autres amarres sur des pieux plantés dans la grève ou un nœuds de chaise autour d’un arbre tout est simple et ne nécessite aucune infrastructures . La, bien installé à coté d’autre bateaux, le canot correctement béquillé, le matériel débarqué va passer l’hiver. Un taud , une bâche solidement amarré le recouvre le protégeant de l’eau douce tout en laissant passer l’air, les portes des tillacs sont ouvertes et les planchers sont soulevés ou déposés. Il faut qu’il respire. Mais plus que tout il doit être mouillé régulièrement par de l’eau de mer, car le bois des bordés doit rester humide d’eau salée car en séchant il se rétracte et la coque perd alors son étanchéité. L’eau douce ne doit pas stagner à aucun endroit car c’est elle qui fait pourrir les hauts, les pontages d’un bateau en bois. Il n’y a pas redire, les canots aiment l’eau de mer.
Sur la vasière, pas loin de chez lui, le propriétaire passera régulièrement pour voir si son canot va bien, si les amarres tiennent toujours bien, si le taud n’a pas été déchiré par le dernier coup de vent. Au retour des beaux jours, il est temps de faire quelques travaux, toujours nécessaire sur un canot en bois, la grève s’anime; les randonneurs, les photographes apprécient ces canots en bois en haut de grèves.
Alors que les travaux sur les canots avancent, d’anciens marins pêcheurs, habitués des bateaux en bois, passent voir et ne sont pas avides de leur conseils ou de leurs remarques, quelques touristes curieux posent des questions, des enfants jouent dans la grève autour des canots. Les propriétaires s’échangent des conseils et des coups de mains et chacun fait des projets de navigation pour la belle saison .
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Le Brise lame fut construit à Carantec au chantier d’Yves Marie Eliès en 1932 pour Jean-Marie Saout,
Le Brise Lame, avec sa coque de près de 9m de longueur fait parti des plus grands côtres de Carantec comme bateau creux . Ce bateau aux formes très abouties avait une grande surface de voilure et était un très bon marcheur. Son patron Jean-Marie Saout travaillait aux casiers avec ses deux fils, François et Henry principalement dans le nord de l’île de Batz.
A la retraite de son patron Jean-Marie, François et Henry Saout ont continuité la pêche en embarquant Jackig Jamet comme matelot. Ils le vendirent dans les années 1950.
Aujourd’hui il navigue à la voile seule superbement mené par François Breton de l’Aber Wrac’h. Je partage ces quelques photos prise au fêtes maritimes de la baie de Morlaix « Entre terre et mer » 2013. Brise Lame revenait des côtes anglaises, en compagnie du lougre Rose of Argyll et du sloup Embrun, chapeau pour un bateau creux.
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Quoi de plus naturel que désarmer les bateaux en bois à la grève en hiver, en effet les bateaux en bois ont besoins d’eau de mer et le désarmement bien amarré au mouillage en haut de la grève à l’abri du ressac est l’idéal pour les préserver.
Les mouillages sont, maintenant, de plus en plus réglementés et il devient difficile de pouvoir abriter son canot en haut de la grève pour l’hiver, c’est pour cette raison que l’amicale des misainiers du Trégor a fait l’argumentaire suivant, pour montrer aux municipalités littorales cette nécessité de faire revivre ce type de mouillage.
Les bateaux de travail traditionnels de nos côtes [ misainiers, chaloupes, côtres, flambards, lougres...] sont un témoignage des observations, des réflexions et des savoir-faire de nos ancêtres.
Ils sont adaptés aux contraintes de leur environnement [social, culturel, géographique, climatique, technique…] C’est pourquoi ils sont en bois, solidement charpentés, à quille longue, à faible tirant d’eau. Ils sont pensés et conçus pour s’échouer, dans des zones à fort marnage, parsemées de cailloux et à forts courants.
Ces caractéristiques entraînent des contingences que ne connaissent pas les bateaux modernes :
La sauvegarde de ce patrimoine maritime demande aux passionnés qui s’y emploient un investissement conséquent, financier, bien sur, mais surtout en temps et en énergie, sans commune mesure avec les pratiquants de la plaisance moderne. Cette action patrimoniale a un impact économique, culturel, touristique important comme en témoigne la multiplication des fêtes et des rassemblements qui nous sollicitent et les foules qu’ils drainent. Rien que sur notre partie de littoral trégorrois, citons la fête des chants de marins de Paimpol, les voiles rouges du Trieux, les régates de la Roche Jaune, les fêtes de Ploumanac'h. Au delà de ce constat, nous tenons à souligner sa dimension émotionnelle et affective. Ces bateaux font partie du paysage et de l’histoire de nos côtes, de l’imaginaire de ses habitants. Il n'est pas anodin que la Bretagne soit la Région de France qui ait le mieux préservé son patrimoine maritime car il est indissociable de son histoire et de sa culture. Des professionnels permettent aux touristes d'embarquer sur ces bateaux [ classés au patrimoine ou inscrits d'intérêt patrimonial ] Ce sont Nébuleuse et Enez Koalen à Paimpol, Eulalie à Lézardrieux, Marie-Georgette à Plougrescant, Ausquémé à Port Blanc, Ar Jentilez et Sant C'hireg à Perros Guirec.
Ce que nos anciens nous ont légué, la passion que nous avons à utiliser ces outils, nous souhaitons les transmettre à nos enfants et petits enfants, c’est le véritable objet de notre démarche collective qui fédère de plus en plus de passionnés, d'associations, partout en Bretagne. Yvon Le Corre, un de nos parrains et pionner en la matière, l'a magistralement exprimé avec son talent d’écrivain et de marin, « Chaque morceau de côte a su produire son type de canot. On s'inviterait de baie à baie, de région à région, de pays à pays, pour partager des outils différents, des eaux différentes, des chansons différentes. De voir les grèves à nouveau peuplées de cette vie, de canots libres de prendre la mer, alimenterait sans fin les rêves des futures générations.»
Notre démarche n'est pas passéiste mais tournée vers l'avenir. Conscients des évolutions sociétales, environnementales, économiques nous sommes prêts à nous adapter, à modifier certains de nos comportements, à améliorer certaines de nos pratiques, dans un esprit d’échanges, de partage, de respect mutuel mais pas à n'importe quel prix : nous ne voulons pas être les témoins résignés de la disparition d'une partie de notre histoire et de notre culture.
Pour que nos bateaux traditionnels de travail survivent, il est indispensable de :
« C'est des Héaux aux Triagoz
que nos canots fendent le clapot,
juste la voile et l'aviron,
pour perpétuer la tradition »
[extrait de la chanson des misainiers du Trégor]
Souhaitons que nos requêtes soient prises en considération et que nos décideurs tiennent compte des éléments que nous portons à leur connaissance pour prendre les décisions qui permettrons la transmission aux générations futures du patrimoine maritime que nous ont laissé en héritage nos prédécesseurs.
Texte élaboré collégialement par les membres
de l'amicale des misainiers du Trégor
Afin d’appuyer cette argumentation , l’amicale des misainiers du Trégor souhaiterai recenser les bateaux qui hivernent à la grève. Si vous avez un bateau concerné vous pouvez entrer en contact avec Pierre Le Mauf (plemauff@wanadoo.fr) ou avec l’animateur de ce site Pierre-Yves Decosse (pierre-yves.decosse@wanadoo.fr)