J’ai découvert avec émotion ce récit, de la disparition de mon ancêtre Nicolas Floch en 1853, maitre au cabotage et pilote lamaneur à l’île de Batz, dans le naufrage de la péniche les Deux Frères et de huit autres marins de l’île de Batz alors qu’ils allaient servir un brick. Ce récit romancé avec toutes les exagérations dramatiques du style romantique de l’époque. Écrit, quelques années après les faits, ce texte présente quelques incohérences avec la réalité des faits Nous tenterons de les corriger grâce des sources complémentaires.
L’auteur de cet article F. De Kergoff connait la mer et le vocabulaire des marins, peut-être l’a t-il été lui-même. Voici le récit publié en 1856 dans le Journal l’Assemblée Nationale du 19 octobre 1856.
Le brick Augustine
C’était dans la matinée du 14 novembre 1852. [Erreur sur la date cet évènement se passe le 25 février 1853]. Deux pilotes de l’île de Batz, appuyés sur le parapet de la batterie située à l’extrémité orientale de l’île, devisaient entre eux des terribles événements de la veille.
Elle avait été réellement épouvantable dans ses désastres, cette journée néfaste du 13 novembre durant laquelle plus de vingt se perdirent corps et biens sur la partie des côtes de la Manche entre l’Abervarch et le phare des Héaux .
A voir l’air insouciant et calme avec lequel le digne capitaine Floch entretenait son brave compagnon Even, non moins calme et non moins impassible que lui, des sinistres événements dont les côtes de leur île venaient d’être le théâtre, l’observateur le plus attentif n’aurait guère pu se douter que ces deux braves marins avaient pris une part active dans ses événements ; et cependant ces deux hommes intrépides venaient, la nuit précédente, de risquer vingt fois leur vie pour sauver un navire qui, alors mouillé dans le chenal, attestait encore, par les nombreuses avaries qu’il avait essuyées, les immenses périls auxquels il avait été miraculeusement arraché.
Tout à coup l’attention des deux interlocuteurs est distraite par l’apparition d’un grand brick, courant largue, et faisant cap sur l’île de Batz. La voilure réduite du navire qui naviguait avec son tourmentin, et sous ses huniers au bas ris, et encore mieux son pavillon en berne, indiquaient suffisamment qu’il réclamait des secours pressants. D’ailleurs, nos deux pilotes ne pouvaient se méprendre en apercevant le second pavillon en tête du mât de misaine. Ce dernier signal indiquait clairement l’absence de tout pilote à bord.
De son coup d’œil sûr et exercé, le capitaine Floch avait déjà précisé la situation du navire. – Ce brick, dit-il, en s’adressant à son compagnon, a dû attaquer la pointe de Primel, dans l’espoir de se voir accoster par un des pilotes de la rade de Morlaix ; la violence de la tempête n’a permis à aucune de ces embarcations de prendre la mer. En désespoir de cause, le navire a viré de bord, et il lui reste, pour dernière espérance, les qualités bien connues de nos péniches, le dévouement des marins de l’île de Batz, et leur confiance sans bornes dans la très-sainte Vierge et la Bonne Sainte Anne, notre vénérée patronne.
Et leur espoir ne sera pas trompé, dussions nous y périr, réplique aussitôt le courageux Even, qui venait de saisir la pensée et de comprendre la résolution du capitaine Floch autre fois son guide et son maitre dans le rude apprentissage du métier de lamaneur.
Le laconisme est un des caractères du marin breton ; sa devise favorite est : Neubeut a caouchou ha bech bepret (peu de paroles et beaucoup d’effort) ; aussi une cordiale poignée de main vint elle terminer la conversation des deux amis, qui s’empressèrent d’aller répandre l’alarme, et faire un appel aux compagnons qui voudraient venir partager les dangers qu’ils allaient résolument affronter.
Peu d’instants après, la péniche les Deux Frères montée par sept vigoureux matelots et gouvernée par l’intrépide Even [voir commentaires], sortait du port de la Carlingue [???], au milieu des larmes et des sanglots des parents et amis de l’équipage accourus sur la rive pour offrir leurs serrements de mains et leur embrassements, les derniers peut-être à ces hommes que leur dévouement portait à aller affronter d’épouvantable dangers.
Les vents soufflaient toujours du nord-ouest ; la violence de la tourmente n’avait point diminué : le jusant se faisait depuis deux heures. A ce point de marée, les courants des trois chenaux de Morlaix, du Groug [???] et de Léon ont leur point d’intersection à un mille environ de la pointe Sainte Barbe. La rencontre de ces trois courants qui se précipitent sur un lit de rochers avec une vitesse de plusieurs nœuds dans le chenal de l’île de Batz rendait la mer d’autant plus houleuse que la marée portait dans le vent.
La péniche, manœuvrée avec une rare habileté, avait déjà dépassé le pointe de Ty Sauzon ; elle se trouvait alors entièrement dépourvue de l’abri que lui avait jusque-là offert la pointe méridionale de l’île. Dès ce moment, le péril grandissait, le danger devenait imminent ; les lames se succédaient effrayantes de hauteur ; une écume blanche en couronnait la crête et indiquait clairement que la lame menaçait de déferler. Un moment d’hésitation dans la manœuvre fit supposer que l’équipage, malgré son héroïque dévouement reconnaissait l’impossibilité de poursuivre la noble tâche qu’il venait d’entreprendre, telle fut au moins l’hypothèse formée par les nombreux spectateurs de ce drame lugubre, mais nul ne saura jamais ce qui s’est passé, dans ce moment suprême, parmi les braves marins qui montaient la péniche les Deux-Frères.
Toujours est-il que leur résolution fut plus ferme que jamais. Alors il fut donné à la population accourue en masse le long du rivage d’assister à un de ces spectacle tout pleins d’épouvantables émotions, et tel que nul autre théâtre qu’une mer en furie ne peut en offrir de semblables. La lutte de ces huit courageux marins qui alors disputaient sur une frêle nacelle leur vie à une mer affreuse, fut digne d’eux. Les phases de cette lutte étaient suivies avec une poignante anxiété par la nombreuse population qui bordait le rivage. Tout le sang-froid, toute l’énergie, toute l’habileté dont l’homme est susceptible furent déployés dans ce suprême combat. Ainsi l’on assuré les hommes spéciaux qui ont été témoins oculaires de cette lamentable catastrophe. Malheureusement la violence de la tempête augmentait ; et au moment où la péniche n’était plus qu’à quelques encablures du brick qu’elle voulait sauver, une vague monstrueuse la soulevant par l’avant, la redressa perpendiculaire sur son étambot.
Un immense cri de douleur et d’épouvante s’échappa de toutes les poitrines, au moment où ces malheureux marins furent aperçus abandonnant leurs avirons et saisissant, avec terreur et frénésie, les plats bords de la péniche. Alors, pour échapper à l’horreur de ce spectacle, tous se prosternèrent la face contre terre.
J’ai interrogé plusieurs des témoins de cette épouvantable catastrophe ; et un seul m’a raconté avoir eu le courage d’assister à la dernière scène de cette lutte suprême. Il a vu ces malheureux marins, pendant les courts instants où la péniche se dressait perpendiculaire, abandonner alternativement les plats bords qu’ils avaient saisis, et s’ensevelir dans l’abîme, en tendant vers le ciel des mains suppliantes.
Lorsque la foule, haletante d’anxiété et pénétrée d’horreur, se fut relevée pour jeter un regard égaré sur le théâtre du sinistre, la péniche renversée roulait au gré de la houle, et quatre ou cinq des malheureux qui la montaient, apparaissaient çà et là sur le sommet de la vague , faisant les derniers efforts pour disputer aux flots irrité le peu de vie qui leur restait.
Mais comment décrire la scène solennelle qui succéda à celle que nous venons de raconter. A peine la perte de la péniche était consommée que le vénérable pasteur de Roscoff accompagné de ses digne acolytes, s’avança revêtu de ses habits sacerdotaux, sur la pointe extrême du promontoire. Alors, au milieu des mugissements de la tempête, des larmes et des sanglots des spectateurs, il prononça, d’une voix brisée par la douleur et l’émotion, les paroles de pardon et d’oubli de la dernière absolution.
Cependant la tempête continuait à rugir ; le courant qui avait augmenté de violence rendait l’état de la mer de plus en plus affreux. Les lames se succédaient plus nombreuses encore et se creusaient en grossissant : partout elles déferlaient et présentaient à perte de vue une vaste nappe d’écume. D’intrépides marins qui venaient d’assister à toutes les péripéties de ce drame lugubre, terminé par la perte de leurs compagnons, s’interrogeaient du regard avec la plus vive et douloureuse anxiété ; et jetaient à la dérobée leur yeux sur la Françoise-Eugénie, charmante péniche qui se balançait gracieusement à l’ancre dans le port de Roscoff.
Sortie des chantiers Kerenfors, l’habile constructeur de Roscoff, la Françoise-Eugénie avait donné des preuves nombreuses et irrécusable de son mérite et de ses capacités à la mer. Nulle embarcation ne s’était lancée dans des mers aussi affreuses. Et cependant, grâce à la protection de la bonne Sainte Barbe ; grâce à la perfection de sa construction qui défiait la critique la plus sévère ; grâce enfin à l’habilité remarquable de son patron, jamais le moindre accident ne lui était arrivé.
Il est évident que deux sentiments opposés s’agitaient tumultueusement dans l’âme de ces braves marins : d’un côté l’immense danger, pour ne pas dire la perte presque certaine à laquelle ils allaient se vouer, s’ils se décidaient à essayer de sauver quelques-uns de leur malheureux ; et de l’autre, la pensée si poignante de voir tant d’infortunés s’engloutir, sous leurs yeux sans qu’ils eussent tenté de les secourir. Enfin ce dernier sentiment sembla prévaloir chez un de ces matelots que son ancre d’argent attaché à la boutonnière, désignait comme un pilote-juré. Je le vois encore, sous l’impression de ce sentiment de sublime abnégation, secouer tout ce qu’il pouvait y avoir d’indécis dans son regard et son attitude ; et, dans les termes les plus chanceux, faire un appel pressant aux intrépides camarades qui l’entouraient. Mais, hélas ! La terreur inspirée par les horribles événements qui venaient de se passer semblait avoir paralysé entièrement l’énergie indomptable de ces valeureux enfants de l’océan. Ce brave et digne pilote, dont je regrette de ne pas avoir conservé le nom, implorait vainement le concours de ses compagnons ; ils étaient sourds à sa voix, et ne répondaient à ses ardentes supplications que par un silence morne et significatif.
Tout à coup une sorte de rumeur se produit au milieu des groupes plongés dans la plus grande consternation. Un nom circule de bouche en bouche ; ce nom est celui de Yann Fanch ar Luche. Tous les regards interrogent avidement les abords de la jetée, où l’on voit apparaitre celui dont le nom vient d’être prononcé, et qui d’un pas précipité se dirige vers le port.
C’est une véritable célébrité dans le quartier maritime de Morlaix que ce Yann Fanch ar Luche, dont le véritable nom est Jean-François Guyader. Il n’est point de capitaine de navire, fréquentant les ports des environs, qui ne connaisse et n’apprécie Yann Fanch ar Luche ; Aussi , toutes les fois que ces capitaines ont à raconter les dangers qu’ils ont eu à essuyer pour atteindre les ports de relâche situés dans ses parages, il est bien rare que le nom du brave Jean-François Guyader, pilote juré de Roscoff, ne soit pas prononcé , comme celui de l’homme à qui ils doivent la conservation de leur navire, de leur existence, et de celle de leurs équipages. C’est qu’en effet, lorsque la tourmente se déchaine avec impétuosité, lorsque les vagues se soulèvent monstrueuses, se brisent en écumant, et que la grandeur du péril semble s’opposer à la sortie de toute embarcation ; c’est alors que la vigie attentive, signale à l’approche d’une svelte embarcation, dont la vue vient porter l’espérance dans le cœur des matelots, déjà abattus et découragés. Des cris de joie saluent la venue de la Françoise-Eugénie et de son courageux patron ; car ils ne se sont point trompés : quelle embarcation autre que cette valeureuse péniche ; quel pilote autre que Yann Fanch ar Luche auraient osé affronter la mer dans ses colères les plus affreuses ?
Aussi, nul dans cette nombreuse assistance qui songeât à s’étonner, au moment où l’arrivée du brave maitre Jean fut signalée, de voir douze ou quinze marins s’élancer avec empressement pour prendre place à bord de la Françoise-Eugénie. Alors de ce ton et de ce geste qui n’admettent ni observations ni réclamations, maitre Jean choisit sept vigoureux compagnons ; c’étaient ceux qu’il admettait au bénéfice de partager avec lui les immenses dangers qu’il allait affronter.
A un signal donné par leur brave et expérimenté pilote, les fronts de ces braves marins se découvrent ; leur regards calmes et suppliants s’élèvent avec confiance vers la chapelle solitaire située sur l’extrémité du promontoire et placée sous l’invocation spéciale de Sainte Barbe, leur vénérée patronne.
En moins de temps qu’il ne nous en faut pour le raconter, la Françoise-Eugénie, bondissant sous l’effort de sept vigoureux nageurs, avait doublé la pointe de Sainte Barbe, et se trouvait lancée dans ce redoutable courant qui venait d’être fatal aux infortunés marin de la péniche les Deux Frères. Non moins brave et peut être plus habile encore que le malheureux Even, maitre Yann-Fanch ar Luche manœuvrait son embarcation avec un sang-froid et une précision inouïs. Aussi, en dépit de la violence de la tempête, il ne tarda pas à parvenir à l’endroit du sinistre. Sur les huit personnes qui montaient la péniche les deux frères, sept avaient disparu pour toujours. Seul le malheureux Even avait pu s’accrocher à un aviron, et la vie ne l’avait pas encore abandonné lorsqu’il fut hissé à bord de la Françoise-Eugénie. La péniche s’empressa alors de virer de bord, pour aller lui faire prodiguer les soins que nécessitait son état. Malheureusement le dévouement des braves matelots de la Françoise-Eugénie ne put le sauver : il expirait peu d’instants après son arrivée à terre.
Certes, maitre Jean-François Guyader et ses valeureux camarades avaient fait preuve d’un dévouement et d’un courage surhumains lorsqu’ils s’étaient risqués à affronter d’aussi terribles dangers pour aller tenter le sauvetage de leurs infortunés compagnons. Mais le patron de la Françoise-Eugénie ne regardait pas encore sa tâche comme accomplie. Le brick l’Augustine continuait à se trouver dans la situation la plus critique. Le péril grandissait au fur et à mesure que la violence du courant le drossait vers les récifs du Vings [???] situés à peu de distance sous le vent. Les signaux de détresse se multipliaient à bord du brick. Maitre Jean ne pouvait rester spectateur impassible de la perte certaine du malheureux navire. Appuyés sur leurs avirons, les matelots de la Françoise-Eugénie avaient bien pressenti les résolutions magnanimes de maitre Jean. Aussi nul ne songea à donner le moindre signe d’hésitation ni d’étonnement lorsque de cette voix habituée à dominer le bruit de la tempête, le courageux pilote leur cria : « Courage mes enfants, encore une demi-heure de misère, et le brick est à nous. »
Ce fut réellement un spectacle sublime que de voir ces intrépides matelots diriger de nouveau leur frêle embarcation vers ces redoutables dangers auxquels ils venaient d’échapper presque miraculeusement. Le péril était le même ; l’énergie et l’habileté du pilote et des matelots furent aussi les mêmes. Leur confiance en la Sainte Vierge et la bonne Sainte Barbe ne fut pas trompée et quelques instants après il fut donné à la foule qui bordait le rivage de voir la Françoise-Eugénie accoster le brick l4Augustine. Remis aux mains expérimentées de maitre Jean-François Guyader, le brick ne tarda pas à être convenablement orienté ; et, une heure après, il disparaissait aux regards derrière les falaises escarpées de la cote de Carantec ; le navire était entré en rade de Morlaix ; Yann Fanch ar Luche avait sauvé le brick l’Augustine.
Ami lecteur, si quelque circonstance vous amène jamais dans la petite ville de Roscoff, située sur la pointe la plus septentrionale de l’arrondissement de Morlaix, gardez-vous bien de négliger d’aller visiter le charmant petit port que possède cette ville. Votre bonne étoile vous fera sans doute rencontrer quelque vieux matelot que ses instincts ramènent toujours vers le môle d’où il s’est si souvent embarqué ; il vous redira, si vous le désirez, les splendeurs de ce port maintenant abandonné, et naguère encore si animé. Il vous racontera que, pendant la dernière guerre contre l’Angleterre, ce port, où maintenant vous verrez à peine quelques barques de pêcheurs, ne pouvait contenir les croiseurs qui désolaient le commerce anglais dans la Manche. Si vous tenez à connaitre les détails sur les événements les plus frappants dont ces hardis corsaires ont été les héros, stimulez le zèle de votre interlocuteur, en l’encourageant à vous accompagner au café qui forme l’angle du quai et de la rue principal. Là, en tête à tête avec ce valeureux vétéran, vous recueillerez une abondante moisson d’anecdotes et de faits les plus curieux t des plus saisissants. Surtout ne quittez pas Roscoff sans obliger votre digne cicérone à vous montrer maître Jean-François Guyader, pilote-juré de l’endroit.
Il n’y a rien de faux, rien d’imaginé dans ce que je viens de vous raconter. Yann Fanch ar Luche n’est point un personnage imaginaire : la péniche la Françoise Eugénie n’est point un mythe. Le naufrage de la péniche les Deux Frères, et la perte des huit hommes qui la montaient est un fait qui n’est malheureusement que trop véritable. En un mot, tout ce que vous venez de lire est de la plus rigoureuse exactitude ; et je crois aussi n’avoir rien exagéré en vous citant maitre Jean-François comme le plus habile et le marin le plus intrépide des environs.
Les nombreuses preuves de dévouement données par ce brave pilote lui ont valu force médailles d’argents, de vermeil et d’or ; il en possède de toutes les grandeurs et de tous les modules. Une seule chose manque à ce luxe de décorations accordées à maitre Jean, et plus d’un lecteur s’étonnera peut-être qu’un homme qui a vingt fois risqué sa vie pour sauver ses semblables, qu’un homme à qui tant d’autres doivent la conservation de leur existence, ne porte pas sur la poitrine le signe de l’honneur ? On dit bien que Yann Fanch ar Luche, l’homme courageux et dévoué par excellence, ne résiste pas toujours aux séductions de Bacchus. Aussi sabre que déterminé, lorsque placé au gouvernail de sa péniche, il se lance sans crainte dans les mers les plus furieuses, on le voit souvent au cabaret lorsque ses loisirs le retiennent à terre. Nonobstant, ce n’en est pas moins une noble et énergique nature ; et malgré ce malheureux travers, les rivages des environs rediront de longtemps le nom et les actes d’héroïsme de maitre Jean-François Guyader, patron de la péniche la Françoise Eugénie, et pilote-juré du quartier maritime de Morlaix.
F. De Kergoff
Cet article dans le style grandiloquent du milieu du XIXème siècle, est loin d’être entièrement exact, l’auteur se trompe sur la date du naufrage et sur les noms des protagonistes. Un article dans la presse locale, dans l’Écho de Morlaix du 05 mars 1853, plus factuel, va nous apporter quelques précisions.
« Vendredi 25 février [1853], vers neuf heure du matin, une péniche de l’île de Batz sortait pour aller au large porter un pilote à un brick qui en demandait ; elle était sous sa misaine avec tous les ris pris. Il parait que, trouvant au large la mer trop grosse, elle laissa arriver, et que dans cette manœuvre elle présenta son travers à une grosse lame de fond qui déferla sur elle et la chavira.I l y avait sur le plateau de Sainte-Barbe un témoin de ce triste événement. Il vint en toute hâte en apporter la nouvelle à Roscoff. Malheureusement le port était à sec. Il fallut porter une péniche à la mer. On fit toute la diligence et tous les efforts possibles pour arriver vite sur le lieu du sinistre. Un des naufragés fut recueilli, mais inanimé : c’était Philippe Robin, ancien pilote. Le lendemain, un autre cadavre était retrouvé sur la cote de Callot et rendu à la famille. La péniche qui a fait naufrage, et qui a été recueillie sans avaries, était montée par neuf hommes : un ancien pilote et ses deux jeunes fils, un autre pilote, un maitre au cabotage, deux frères tous deux pères de famille, deux autres marins non mariés.
Vingt-quatre enfants restent sans père. Depuis 1814, c’est la quinzième péniche ou bateau pilote perdu par l’île de Batz et Roscoff. »
Cet article précise qu’il y a eu neuf victimes dans ce naufrage, historien local de l’île de Batz Nicolas Roualec en identifie six dans ses notes non publiées, leur corps ont été retrouvé sur différents endroit de la baie de Morlaix : le 26 février le corps de Claude Robin , sur la cote de Roscoff, le 27 février le corps de Pierre Farus, 19 ans à l’île Callot et le corps de Jean Péran à Pempoul, le 12 le corps de Nicolas Tanguy 45 ans à Pempoul, et le corps de Guillaume Péran 50 ans à Port-Blanc en Plougasnou et enfin le 07 mai le corps de Nicolas Floch , mon ancêtre , 62 ans retrouvé à Carantec.
Avec le Philippe Robin repêché inanimé le jour du naufrage cela fait sept victimes identifié, deux victimes sont à ce jour non identifiées. On peut supposer que l’une d’elle est le fils du pilote Philippe Robin, la famille Robin est durement touchée par ce naufrage.
Le seul pilote Guyader à cette époque à Roscoff se prénomme Jean Marie il était peut être toutefois surnommé Yann Fanch ar Luche son père se prénommant François. Il est bien le patron de la péniche de Roscoff Françoise Eugénie
Pour les deux compères c’est le pilote Floch qui est sorti avec la péniche les Deux-Frères, le pilote Even n’embarque pas ce jour-là. Le pilote Yves Even né le 2 mai 1791 a le même Age que Nicolas Floch, il continu sa carrière de pilote jusqu’en 1865 et décède à son domicile de l’île de Batz le 27 mai 1869 à 78 ans. Yves Even marié avec Anne Floch était le beau-frère de Nicolas Floch marié avec Anne Floch.
Les archives des douanes (Archives départementales du Finistère) nous donnent des précisions sur la péniche les Deux Frères : En 1850 Hyacinthe Kerenfors construit pour Nicolas Tanguy et la veuve Robin de l’île de Batz la péniche Les Deux Frères jauge 3tx08 et a les dimensions suivantes longueur : 8,21m, bau :1,81m et creux 0,79m elle est bordée en orme, clouée et rivée cuivre, 2 mâts , ni pont ni faux tillac, ni serrage, ni vaigrage.
Article sur les péniches de l'île de Batz
En 1830, le capitaine Yves Floch de l’île de Batz à 57 ans, est un vieux marin, maitre au cabotage depuis de nombreuses années, il a passé l’examen de maitre au grand cabotage à Brest le 20 fructidor an X. Il commande la Jeune Elisa une goélette de cabotage armée à Morlaix par François Marie Andrieux.
François-Marie Andrieux fait partie de l’élite des négociants de Morlaix, il est impliqués dans le négoce, l’armement de navire au cabotage et surtout la fabrication de papier.
François-Marie Andrieux arme deux navires cabotage au lendemain des guerres de l’Empire, les bricks Aristide et Prosper portent les prénoms de ses deux fils. Ces deux premiers navires sont des habitués des ports de Morlaix, Rouen Bordeaux et Marseille. Avec le développement du commerce maritime sous la Restauration, les affaires sont prospères et François-Marie Andrieux et Riou fait construire entre 1820 et 1825 dans les chantiers de Bayonne, Nantes et Redon les navires suivants et les arme à Morlaix :
Les goélettes
Les bricks
Ces navires sont armés au petit et grand cabotage et fréquente les ports de Sète, Marseille, de Sicile, Adra, Malaga, Cadix, Lisbonne, Bordeaux, Nantes, Le havre, Rouen Dunkerque, Saint Pétersbourg et Londres.
Aristide Andrieux reprendra la gestion des affaires de la famille, avec son frère Prosper au décès de leur père, du choléra en 1831. Aristide développera l’activité de production de papier sur le site de Glaslan en Pleyber-Christ, mais il arrêtera progressivement son activité d’armateur de voiliers caboteurs.
En 1830, l’activité papetière, est en plein développement, et François-Marie Andrieux, à la pointe de l’innovation, commande en Grande-Bretagne, une machine à produire le papier en continu.
Le capitaine Floch à Londres :
Dans une notice publiée en 1879 sur la vie de son père, Aristide Andrieux raconte l’attitude du capitaine Yves Floch vis-à-vis des anglais.
« Je ne puis m’empêcher de raconter en passant un épisode assez curieux qui se rapporte à l’envoi à Londres de la goélette la Jeune Eliza, pour y charger les 45 000 kilos de fer, fonte et cuivre composant les organes de la machine à importer ; son capitaine Yves Floch, de l’île de Batz, pria son armateur de le remplacer pour ce voyage, « qu’il ne voulait, ni pour or ni pour argent, mettre de nouveau les pieds sur le sol anglais », Yves Floch avait les Anglais, en haine depuis les années de son incarcération à bord des pontons de Portsmouth, Andrieux ne put vaincre la résistance de son vieux loup de mer, qu’en lui affirmant qu’il ne quitterait pas les planches françaises du pont français de son navire breton, à la condition de me subir à bord [Aristide Andrieux, fils de l’armateur] , à titre de subrécargue, et que seul j’aurais à traiter avec les chargeurs, la douane, les courtiers, etc., et qu’il pourrait envoyer à terre son maître d’équipage faire des vivres. En murmurant, Floch se décida, à cette condition qu’il s’embraquerait que pour la conduite du navire.
En mer, à la hauteur de Cherbourg, un fort grain du N.O. tombait sur la goélette : « C’est une chienne de bourrasque anglaise, observa le capitaine ».
A l’entrée de la Tamise, un pilote se présente ; on prit les ordres du capitaine : « Faut bien laisser monter cet animal, grogna Floch ».
D’après les instructions des chargeurs, je fis mouiller l’Eliza le plus près possible du pont de Londres, devant des quais très étroits à cette époque, et sans avoir fait amener notre pavillon tricolore, bien que le pilote avait quitté le navire (mesure réglementaire dans la Tamise) ; lorsque je remarquai, débouchant, à flots, de tous les quartiers voisins, une foule circulant d’abord avec peine, mais bientôt grossissant et obligeant l’intervention des nombreux agents de police, pour rendre la circulation possible. J’ignorais la cause d’un tel embarras, lorsqu’une embarcation accosta la goélette et qu’un agent, s’adressant à moi, avec la plus grande politesse, me pria de faire amener le pavillon pour conjurer un grand Malheur.
« Vos couleurs nationales, me dit-il, n’ont pas encore paru dans la partie de la Tamise où votre navire est à l’ancre, les hurrahs que vous entendez sont à l’honneur de votre glorieuse révolution, » et je traduisis au capitaine Floch, la demande faite en bon termes par l’officier anglais. « Non, et non, je n’amènerai pas…, qu’ils se noient tous l’un par l’autre, je m’en f… » et il descendit dans sa cabine.
Le maitre d’équipage, Lamer, connaissant mon pouvoir, fit amener à l’instant, ne nous souciant ni l’un ni l’autre, de provoquer des noyades, mêmes anglaises.
A mon retour à Morlaix, je racontai à mon père cette aventure qui ne l’étonna pas, attendu que le vieux loup, quand il revint en France, après 5 ans d’exil et de misère sur les pontons, lui avait déclaré, « qu’il ne regrettait qu’une chose, c’est de n’avoir pu manger dix anglais avant de partir ».
Yves Floch maitre au cabotage :
Le capitaine Yves Floch né 08 novembre 1773 à l’île de Batz dans une famille de marins c’est le fils de Yves Floch, maitre au cabotage, et de Philippine Robin.
Il embarque avant l’âge de 10 ans comme mousse le 9 juillet 1883 à bord du chasse-marée Nautile commandé par son père au cabotage. Puis sur d’autres navire de cabotage, comme mousse, puis novice et matelot jusqu’en 1792 ou il est levé pour le service à Brest sur les navires de la République : Le Mulet une gabare de 500tx, le Patriote un grand côtre, le Zélé un vaisseau de 74 canons, la Protectrice un brick canonnier et le vaisseau les Droits de l’Homme , la Marine sous la Révolution est désorganisée , Yves Floch déserte et revient à l’île de Batz , mais rattrapé par l’inscription maritime de Roscoff il est renvoyé à Brest. N’étant plus embarqué sur ce vaisseau, il échappe au naufrage du vaisseau les Droits de l’Homme le 13 janvier 1797. Je n’ai pas trouvé dans quelles circonstances Yves est fait prisonnier par les anglais en septembre 1797. Il va passer presque 3 ans sur les sinistres pontons anglais et non 5 ans comme indiqué dans la notice Andrieux. A sa libération le 02 mai 1800, certainement sur un échange de prisonniers, il est aussitôt levé pour Brest ou il embraque sur le vaisseau de 74 canons Cisalpin. Libéré du service le 10 juillet 1802, il passe avec succès l’examen de maitre au cabotage le 07 septembre à Brest.
Il a pratiquement passé 10 ans de sa vie entre les sinistres prisons maritimes anglaises et ses embarquements sur les navires de la Marine de la république à se battre contre les anglais. Sa haine tenace de l’anglais est bien compréhensible. Beaucoup de marins de sa génération partagent cette haine.
Sous l’Empire il navigue au commerce comme maitre au cabotage, en 1816 il commande le cotre le Hazard de Roscoff, puis le dogre Petit Charles. En 1818 il travaille déjà pour J.M. Andrieux de Morlaix et commande l’Eliza la première du nom. Il restera fidèle à cet armateur. Yves Floch décède le 20 février 1841 à l'ile de Batz à 67 ans, marié à Annette Moulin ils ont eu 8 enfants, trois sont décédé jeune, leur deux gars deviennent maitre au cabotage et capitaine au long cours et deux de leur filles épousent des capitaines au commerce.
Petite note personnelle :
Cet Yves Floch, né le 08 novembre 1773, est bien de ma famille maternelle de l’île de Batz mais n’est pas mon ascendant direct, pour faire simple, Yves était le cousin germain de Nicolas Floch grand père de mon arrière-grand-père.
Yves est un prénom très courant de la famille Floch, dans l’arbre généalogique de ma famille maternelle, nous ne comptons pas moins, au XVIIIème et XIXème, 11 marins portant comme prénom Yves. La tradition a perduré alors qu’il n’avait plus de marin dans la famille, je me prénomme Pierre-Yves, ma mère se prénomme Yvette et mon grand-père se prénommait Yves Floch.
Sources et Liens :
Notice sur JM Andrieux (BNF Gallica)
L’activité papetière des Andrieux à Pleyber Christ
Livre : Moulins à papiers et familles papetières de Bretagne
A travers quelques éléments, trouvés aux archives du Service Historique de la Défense au département de la Marine à Brest dans le fond des archives de l’inscription maritime nous allons découvrir la vie de mon ascendant directe de 6éme génération : Jean Floch (l’arrière-grand-père de mon arrière-grand-père)
Jean Floch est né le 21 septembre 1754, dans une famille de marins comme de nombreux iliens. son père Yves Floch (1716) est noté marin , ou pêcheur dans différents documents, s’est marié, le 11 janvier 1742 à Marie Tanguy née en 1720 . Yves et Marie ont eu 9 enfants : 8 garçons et une fille, deux garçon décèdent dans leur première année, sur les 6 autres il y aura 3 maitres au cabotage dont le Jean Floch de notre article , 2 pilotes et un dont on perd toute trace.
Dans l’état de mes recherches je ne sais sur quel navire Jean Floch a embarqué comme mousse mais il est probable qu’il ait embarqué au cabotage à l’âge de 10 ou 12 ans avec un maitre de l’île de Batz, puis à 16 ans comme novice et à 18 comme matelot.
Début1777, Jean a 22 ans il embarque comme matelot au grand-cabotage à bord de l’Hermione de Morlaix et va à Cadix certainement avec un chargement de toiles de lin du Léon
De retour à l’île de Batz il est levé par le commissaire de classe de Roscoff, pour partir au service de la marine Royale. Fin 1777, les tensions internationales sont importantes, les insurgés américains sont en guerre contre leur puissance coloniale la Grande-Bretagne et ont déclaré l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. La marine royale française réarme et construit de nombreux navires et fait lever par l’administration des Classes de nombreux matelots Le 22 décembre 1777, Jean Floch embarque, comme matelot sur le lougre l’Espiègle basé à Brest
Les lougres de guerre réputé pour leur marche sont des petits navires exigeants pour la manœuvre. L’Espiègle est le premier lougre de la marine royale construit à Dunkerque par le constructeur Daniel Denys en 1772 son chantier construisit de nombreux lougre et cotre pour la marine. Les constructions de Denys sont souvent à clins.
Le 13 avril 1778, il débarque de l’Espiègle pour embraquer sur la frégate de 8 la Danaé
La Danaé est une petite frégate construite à Nantes en 1763 sur plans de Groignard elle est armée de 26 canons de 8 livres, son équipage est de 270 hommes
Le 27 juillet 1778, la Danaé participe au combat d’Ouessant elle ne fait pas partie des escadres et est classée en « hors ligne » comme les autres petits navires de liaison
La bataille d’Ouessant à 100 milles dans l’ouest de Ouessant engagea une nombreuse flotte français contre un flotte anglaise également importante elle fit l’objet de nombreux récits
La Danaé continu à faire partie de l’escadre de Brest, Et est le principal navire dans une tentative de débarquement avorté à Jersey
Laissons parler Kergelen dans « Relation des combats et des événements de la guerre maritime de 1778 entre la France et l'Angleterre »
Le 13 mai 1779
Prise de la frégate française la Danaé, de 26 canons, commandée par M. Le chevalier de Kergariou, lieutenant de vaisseau.
« La Danaé convoyait une gabarre et quelques bâtiments marchands destinés pour le Hâvre. Le 13 mai au matin, M Le Chevalier de Kergariou n’était qu’à deux lieues de Saint-Malo, lorsqu’il aperçoit sept bâtiments de guerre ennemis, presqu’à l’entrée de ce port. il fit signal au convoi de relâcher et fit route lui-même pour se réfugier à Cancale, où il espérait que les batteries de la côte le protégeraient contre des forces aussi supérieures. Il y fut suivi par les ennemis qui l’approchèrent à midi et demi, à la demi portée du canon. Quoiqu’il pût à peine se défendre, l’espoir d’être secouru lui fit essuyer pendant quelque temps, le feu d’un vaisseau de 50 canons et de 3 frégates. Mais ne voyant pas qu’on se mît en devoir de le protéger, ayant déjà 10 hommes tués et 20 blessés, il fit descendre à terre la plus grande partie de son équipage, et abandonna à trois heures et demie sa frégate, où il ne laissa que les malades et les blessés »
O Troude dans « les batailles navales de la France » nous fournit les précisions suivantes
Les frégates de 26 canons la Danaé, capitaine de Kergariou Coatles et la Diane, la corvette de 6 canons, la Valeur, la gabare de 8 canons, L’Ecluse et le cotre de 6 canons la Guêpe, sortis de Saint6malo le 13 mai, furent chassés immédiatement par le vaisseau anglais de 50 canons Experiment, capitaine James Wallace ; la frégate de 36 Pallas, capitaine Thomas Spry ; les corvette Unicorn, capitaine John Ford, Fortune de 20 canons et le brig de 12 canons Cabot, capitaine Edmund Dodd. après avoir essuyé deux volées, les bâtiments français allèrent s’échouer sous une petite batterie de 3 canons, dans la baie de cancale. La détermination des officiers français n’arrêta pas le capitaine Wallace ; à midi 30, il entra à pleines voiles dans la baie de cancale avec sa division et dirigea un feu des plus vifs sur les français ; ceux-ci répondirent d’abord avec vigueur, mais la batterie de terre ayant cessé de tirer, par suite de l’explosion de l’une de ses trois pièces, l’équipage de la Danaé se précipita dans les embarcations et se rendit à terre. incapable d’arrêter ce mouvement qui avait lieu sans son ordre, le capitaine de Kergariou fut obligé d’abandonner la frégate, sans pouvoir même y mettre le feu, car il n’avait plus le moyen d’en retirer les malades et les blessés.
L’exemple donné par l’équipage de la Danaé fut imité par les marins des autres bâtiments.
Les Anglais parvinrent à remettre la Danaé à flot ; ils incendièrent les trois autres bâtiments. La valeur et l’Ecluse furent consumées ; mais on parvint à se rendre maitre du feu à bord du côtre qui fut rentré à Saint-Malo
Terriblement choqué par cette attaque anglaises avec son bombardement de plus deux miles boulets, Jean Floch est hospitalisé à l’hôpital de Saint-Malo « étant devenu imbecille à la suite d’une fièvre chaude » [Sic], il y reste plus de deux mois et c’est seulement le 1er aout qu’il reçoit un congé pour s’en retourner à l’île de Batz
Quel temps plus tard le curé de l’île de Batz , le recteur Inizan, écrit la lettre suivante au commissaire des classe pour indiquer la triste situation de Jean Floch en 1779 Jean Floch a 25 ans et est encore célibataire. Il met plusieurs mois à se remettre et c’est seulement le 08 janvier 1780 qu’il embarque comme matelot au cabotage sur le chasse-marée St Anne du Croisic que commande son frère ainé Yves Floch.
Le 12 avril 1781, il est a nouveau appelé pour servir dans la marine Royale et est levé pour Brest ou il embarque sur le London
Le London est un navire marchand pris par les français en 1779.En mai 1780 il est classé comme gabare dans notre marine et est affecté à des transports En décembre 1781 le London est repris par les anglais. Jean Floch est fait prisonnier puis est reconduit au Havre, et retourne à nouveau au service à Brest.
En avril 1782 il est libéré et embarque au cabotage sur le Jean-Bernard.
Le 15 octobre 1783 il épouse Marie Floch, ils auront huit enfants dont trois garçons qui deviendront maitre au cabotage
Du 12 janvier 1784 au 14 juin 1785 il navigue sur le Nautille commandé par son frère Yves .
Le 26 mars 1886 il est reçu à Brest à l’examen de maitre au cabotage, il s’est certainement arrêté quelques temps de naviguer pour prendre des cours dans une école d’hydrographie
Puis, le 04 octobre 1786 est à nouveau envoyé au service à Brest pour quelques mois à bord de la Souris une chaloupe canonnière ex chasse-marée.
En 1787 et 1788 il embarque sur le St Pierre avec le maitre Jezequel et sur un navire de Landerneau la Comtesse d’Herléa
C’est seulement fin 1788 qu’il a le commandement d’un petit navire de cabotage. Du 29 décembre 1788 au 26 mars 1790 il commande le St Jean Baptiste un petit sloop de 30 tonneaux, construit en 1773 à St Malo , au tirant d'eau chargé de 2,27 m et non chargé de 1,78 m armé au cabotage à Roscoff par Gélébart et Petit de Roscoff. Puis du 27 mars 1790 jusqu’en 1796 il commande un sloop plus important La Prudente Marie Sloop de 56 tonneaux, au tirant d'eau chargé de 2,76 m et non chargé de 2,11 m armé au cabotage par Gélébart de Roscoff
L’état actuel de mes recherches ne me permets pas de dire quels type de transport et de destination il pratique avec le St Jean Baptiste et la Prudente marie. il est peut etre smogleur avec et exporte en fraude de l’alcool avec l’Angleterre.
Alors que sa vie de maitre barque lui assure une activité régulière et rémunératrice, la France de la révolution entre à nouveau en guerre maritime contre le Royaume unis en 1792.
Le 24 frimaire an 5 (14 décembre 1796), Jean Floch est à nouveau appelé à servir dans la Marine, maintenant sous les couleurs du pavillon bleu blanc rouge. Il est envoyé à Brest par , l’inscription maritime pour servir comme pilote côtier, de par leur excellente connaissances des côtes, les maitres aux cabotage sont souvent affecté comme pilote côtier sur les navires de la marine.
A cette période, l’organisation de la Marine à Brest comme ailleurs est déplorable. Jean Floc ne semble pas affecté à un navire particulier, il reste certainement à attendre un embarquement potentiel. Si bien que le 20 pluviôse an 5 (8 février 1797) il est de retour chez lui à l’île de Batz avec un congé jusqu'à nouvel ordre.
Il ne reste pas inactif à l’île et embarque à nouveau au cabotage bien que non déclaré à l’inscription maritime.
C’est en fin d’année 1797 que le drame arrive, le 28 frimaire de l'an 6 (18 décembre 1797) il se noie dans le chenal de l’île de Batz alors qu’il était embarqué à bord de la Petite Levrette .
Il s’est peut-être simplement noyé en voulant rejoindre l’île avec le canot du bord, il avait 43 ans.
Il laisse 7 orphelins, Marie 12 ans, Jean-François 11 ans, Marie-Anne 8 ans, Nicolas 6 ans, Yves 5 ans , et Thomas 2 ans. Son épouse Marie se retrouve veuve a 37 ans, alors qu’elle attend leur huitième enfant. elle virera certainement de la solidarité familiale et ilienne dans cette période troublée. Marie décèdera bien plus tard, en 1852 à l’âge remarquable de 92 ans.
A travers cette vie d’un marin au cabotage à la fin du XVIIIème siècle, nous avons pu apercevoir que les périodes « au service » reviennent régulièrement Jean est appelé 4 fois, pour y rester en tout 42 mois et participe à deux important combats navals, la bataille d’Ouessant et le combat de Cancale. On voit également la solidarité familiale : il embarque avec sous frère Yves Floch pour se remettre de sa maladie. Avant la création des mairies sous la révolution, Le recteur de l’île Batz assure outre l’état civil, une fonction social et n’hésite pas à signaler à la Marine un de ses paroissien en difficulté . On voit aussi que la mort touche souvent les marins jeunes, Jean Floch disparu à l’âge de 43 ans.
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En ce début d’année 1822, Barbe Philippe 52 ans , veuve de Thomas Floch marin décédé à 48 ans en 1815 , a trois enfants Marie-Anne Floch 25 ans, née le 23 avril 1796, célibataire elle s’occupe de la ferme avec sa mère, Nicolas Floch 22 ans, il est marin, et Jean Fidèle Floch, le dernier 14 ans, il se destine a être marin, il est embarqué comme mousse depuis un an . En ce début d’année elle va perdre ses deux garçon marin, loin de l’île de Batz, le plus jeune en méditerranée et le l’ainée dans l’océan indien.
Nous trouvons aux archives de la marine à Brest dans les matricules des mousses , des novices et des matelots du quartier maritime de Roscoff les informations suivante.
Jean Fidèle Floch,
« Embarque comme mousse le 26 janvier 1821 sur le brick Union de Roscoff avec le capitaine Jean Philippe, mort en mer le 15 mars 1822 par le travers du golfe de Valence. »
Dans l’état actuel de mes recherches, nous n’avons pas la cause du décès d u mousse Jean Fidèle. C’est certainement le capitaine Philippe, l’oncle du mousse, à son retour à l’île de Batz fait part de la triste nouvelle à sa sœur Barbe.
Nicolas Floch,
Nicolas n’a pas été mousse, il embarque directement comme « novice le 17 aout 1818 sur le brick Aristide de Morlaix avec le capitaine Husson puis avec le capitaine Philippe de l’île de Batz il reste à bord jusqu’au 28 aout 1820.
Il est inscrit sur la matricule des matelots le 18 janvier 1821, il est levé à Roscoff pour Brest le 1er février 1821 comme matelot à 21 Francs arrivé à Brest et embarqué le 6 février sur la corvette du roi la Diane.
A été débarqué de 21 février 1821 de la dite corvette et passé à la caserne.
Embarqué le 8 mars 1821 de la caserne sur la flute La Normande.
Mort à Port-Louis isle Ste Marie d’une fièvre intermittente pernicieuse le 15 janvier 1822. »
Mais, revenons sur les circonstances du décès du matelot Nicolas Floch à bord de la flute Normande, au mouillage à l’île Sainte-Marie sur la côte est de Madagascar.
Durant le XVIIIème siècle l’île de Madagascar a attiré les convoitise des anglais et des français sans qu’une implantation importante ne vit le jour. A la chute de l’empire, la paix avec les anglais revenu, un aventurier entreprenant Sylvain Roux, ayant déjà une bonne connaissance de Madagascar suite à un premier voyage , proposa au roi Louis XVIII la création d’une colonie sur cette île. Après mise en place d’une commission il fut décidé par le baron Portal ministre de la marine qu’une expédition limité installe une colonie sur l’île sainte Marie. Sa situation insulaire étant juger plus sur Et que les colons seront composé de soldats, de marins, et de quelques volontaires. ; La marine y affecte deux navires la flute Normande, un bâtiment de charge armé et la goélette Bacchante une petite goélette aviso. Les instructions du ministère de la Marine sont claires.
La flute Normande part de Brest le 08 juin 1821, sous le commandement du Lieutenant de vaisseau Vergos avec un équipage de 93 marins et officiers et une quinzaine de passagers. La flute Normande arrive à sainte marie que fin octobre ; on lit dans le « précis sur les établissements français formés à Madagascar publié en 1836 « elle fut bien accueillie par les indigènes, de qui l’on obtint immédiatement, moyennant un prix réglé à l’amiable, la concession de trois villages. Les cases n’étant point habitables pour les blancs, et le projet étant d’ailleurs de s’établir d’abord sur un îlot séparé situé à l’entrée de la baie, et connu sous le nom d’îlot Madame ; on se contenta de déposer dans les villages acquis une partie du matériel, et l’on s’occupa des travaux de terrassement et de construction à faire dans l’îlot.
Ces travaux continuèrent sans interruption jusqu’à la fin de décembre. C’était l’époque où commençait la saison de l’hivernage, et sa pernicieuse influence ne tarda pas à se faire sentir. Dans les premiers jours de janviers 1822, un grand nombre de maladies se déclarèrent parmi les ouvriers militaires et les équipages des bâtiments (La fièvre tierce et la fièvre pernicieuse intermittente, l’adynamie, l’ataxie, la nostalgie, la phlegmasie et la phtisie pulmonaire, la phlegmasie abdominale, la dysenterie et l’escarre gangreneuse Rapports de M. Marquis, médecin en chef de Sainte-Marie, des 2 janvier et 1er mars 1822 ) ; comme il n’avait point encore été possible de construire un hôpital à terre, il fallut soigner les malades à bord de la gabare La Normande. Le défaut d’espace et d’air y accrut les progrès du mal. Les officiers de santé, qui n’étaient point acclimatés, en éprouvèrent bientôt à leur tour les atteintes ; et à la fin du mois de janvier 1822, il ne restait plus sur pied qu’un petit nombre de marins et d’ouvriers et un seul enseigne de vaisseau.. »
Le commandant de la goélette Bacchante Le lieutenant Théophile Frappaz précise dans le Journal des découvertes et navigation moderne tome 22.
Parti un moi plus tard de Brest et ayant fait escale entre autre à Bourdon, il arrive seulement le 27 décembre à Sainte-Marie
« Je trouvai le nouvel établissement de Sainte-Marie dans le plus grand désordre. La Normande était dans le port, désarmée et sur quatre amarres. Tout le monde y logeait encore, mais on n’y apercevait plus la moindre trace d’un service réglé. Point d’officier de quart, point de garde, point de sentinelle ; chacun faisait ce qu’il lui plaisait, allait où il voulait. Les ouvriers étaient envoyés çà et là dans la baie et dans les marais, pour se livrer, à l’ardeur du soleil, à des travaux insignifiant ; des matelots étaient employés par les supérieurs à défricher des terres dont les émana nations devaient nécessairement porter une atteinte funeste à leur santé ; les Madécasses, non surveillés, portaient à toute heure à bord qu’ils y vendaient librement et qui devaient prédisposer à la fièvre des hommes qui faisaient un abus continuel de ces végétaux ; enfin les matelots et les ouvriers, toujours altérés par une chaleur à laquelle ils n’étaient pas encore accoutumés, n’avaient pour unique boisson, entre les repas, que l’eau crue du pays, que les naturels eux-mêmes ne boivent jamais que bouillie. Il est facile de penser qu’un tel état de chose, au commencement de la mauvaise saison, devait favoriser considérablement l’influence maligne d’une atmosphère qui devenait déjà lourde, brûlante et humide : c’est ce qui arriva en effet. Dès les premiers jours de janvier, la fièvre attaqua plusieurs individus que la putridité enleva presqu’aussitôt. La maladie alors fit des progrès effrayants ; et à mon départ (Le 13 du même mois), il y avait plus de _à personnes alitées ; cette épidémie foudroyante porta la terreur et le découragement dans les cœurs, on se crut perdu sans ressource ; chacun ne regarda plus cette terre tant désirée que comme son prochain tombeau, et l’on murmura hautement contre l’imprévoyance du gouverneur [Sylvain Roux], qui n’opposait que la plus froide et la plus cruelle indifférence à la désolation générale. Les malades étaient entassés à bord pêle-mêle, et le désordre fut encore plus grand qu’avant l’invasion de la maladie. La malpropreté, les miasmes de la cale dégagés par la chaleur, la pluie presque continuelle qui saturait d’humidité toutes les parois du navire et pénétrait dans l’intérieur par les écoutilles ; les sabords, privés de châssis vitrés, faisant naitre des courants d’air lorsqu’ils étaient ouverts, et une chaleur étouffante et malsaine lorsqu’ils étaient fermées, tout concourait dans la Normande à vicier au plus haut degré l’air de l’atmosphère ; tout devait enfin rendre les fièvres plus intense, et livrer à la mort un grand nombre de victimes.
Ce ne fut que le 12 janvier que le gouverneur, continuellement assailli par les cris des malades et les sollicitations présentes des médecins, sembla s’apercevoir du danger imminent qui menaçait tout le personnel d’un entier anéantissement. Il pressa la construction d’un hopital provisoire sur l’île au Cayes ; mais cette précaution fut trop tardive, et le mal avait déjà gagné toutes les classes ; Depuis mon départ [13 janvier deux jour avant le décès du matelot Nicolas Floch] cette triste position devint bien plus affreuse. Chaque jour voyait expirer plusieurs personnes, et les infortunés qui conservaient encore une vie languissante, n’avaient plus d’autre perspective que d’aller bientôt rejoindre les cadavres qu’ils voyaient continuellement enlever. L’espérance avait fui de ce séjour de désolation ; et pour mettre le comble à l’horreur de cette situation désastreuse, les médecins étaient malades : les médicaments préparés par des mains inhabiles, étaient trop souvent donnés au hasard ; et trop souvent encore, les malades en étaient privé faute d’un service régulier qu’avaient rendu impossible l’indisposition des médecins et l’égoïsme bien pardonnable des bien portants, qui cherchaient plutôt à fuir le foyer du mal, qu’à secourir leur malheureux compagnons. Les morts se multiplièrent au point qu’on fut obligé de les jeter pêle-mêle dans de grandes fosses ; enfin après ce funeste hivernage, il ne resta que quelques personnes tout à fait démoralisées.
Barbe Philippe, sa mère n’apprend le décès de son fils que plus d’un ans après et c’est le 31 mars 1823 que Nicolas Floch est inscrit au registre des décès de la mairie de l’île de Batz.
Documents et liens :
Histoire de Ducet : enquête sur la tombe Lechartier du cimetière des pirates
Serge Daguet "La répression de la traite des Noirs au XIXème siècle: l'action des croisières"
"précis sur les établissements français formés à Madagascar"
"Journal des découvertes et navigation moderne tome 22"
Guide nautique sea Seek page sur l’île Sainte-Marie
Guide Madagascar page sur l'île Sainte-Marie
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Nicolas Floch est né, à l’époque de la révolution, le 19 Floréal de l’an 2 (le 8 mai 1794), à l’île de Batz dans une famille de marin son père Nicolas Floch 1767 1837 est pilote lamaneur, en 1816 il est patron de la chaloupe le François son grand père Jean Floch était maitre de barque et meunier sur l’île, ses oncles sont également marins.
Sa mère marie Roualec est d’une famille de marins iliens, ses parents se marient le 10 février 1790.
Nicolas est l’ainé, il aura 4 frères : Jean en 1798, Norbert-Marie en 1800, Pierre en 1803 et Yves en 1805, Yves est le grand-père de mon arrière grand-père Michel Floch. Sa mère Marie Roualec décède en le 15 aout 1810 et son père se remarie en 1813 avec Louise Quéméner de cette union naitra, son demi frère François en 1815.
A la fin des guerres de l’empire et sous la restauration, l’avenir professionnel, des 6 garçons de la famille est tout tracé : ils seront marins et si il en ont les capacités, ils deviendront maitre au cabotage . On retrouve plus tard Jean comme mousse et matelot puis sa trace disparait, Norbert Marie, Pierre et Yves deviendront maitre au cabotage et son demi-frère François, après une carrière non encore complètement explorée sera pilote lamaneur à l’île.
Nicolas, à moins de chance que ses frères, il est boiteux, j’ignore si son handicap est de naissance ou suite a un accident pendant son enfance. Malgré cela il tente de rentrer dans la carrière de marin au commerce, en 1816 il est déclaré dans le registres des novices de l’inscription maritime du quartier de Morlaix au syndicat de Roscoff. Il triche sur son âge et je rajeuni de 6 ans en déclarant être né le 17 aout 1800, l’inscription maritime doute de sa capacité à devenir marin et de la véracité de son premier embarquement elle note pour la revue de 1816 « serai embarqué sur la goélette la Créole au commerce » les années suivantes, il est présent aux revues annuelles mais ne déclare aucun embarquement. jusqu’en 1824 ou « le 1er octobre, [Nicolas Floch] a déclaré renoncer à la navigation pour être Maitre d’école car d’ailleurs impropre au service étant boiteux » .
Sous la restauration, la statut de maitre d’école est bien précaire. L’école publique reste dépendante des autorités ecclésiastiques jusqu’en 1824. Pour exercer, il est exigé un brevet de capacité aux maitres et un certificat de bonne conduite du curé et du maire de la commune. Toutefois, l’école publique commence doucement a se mettre en place , l’ordonnance du 29 février 1816, première chartre de l’école primaire, demande aux communes de se doter d’une école et d’assurer l’instruction gratuite des enfants indigents. Les instituteurs sont payé par les parents des autres enfants.
En avance sur beaucoup de communes du royaume de France, la commune de l’île de Batz met à disposition de Nicolas Floch Instituteur une « maison école », c’est certainement une modeste maison de l’île qui sert à la fois de salle de cours pour les élèves et de logement pour l’instituteur. Cette maison se situait au Ru, mais je ne ai pas identifié son emplacement.
Je suppose qu’en 1824, Nicolas Floch fut le premier véritable instituteur de l’île de Batz, je pense qu’auparavant les rudiments d’instruction était donné à certains enfants de l’île par le curé ou par quelques vieux capitaines. En particulier au jeune garçons qui seront appelé à devenir maitre au cabotage, ou capitaine au long cours.
A partir de 1830, sous la monarchie de juillet, l’enseignement primaire devient une réel préoccupation du nouveau gouvernement. La loi du 28 juin 1833, dite loi Guizot marque une étape importante dans l’histoire des progrès de l’instruction primaire. Cette loi pose les fondements de l’instruction publique fixant entre autres le salaire des instituteurs qui doit être au minimum de 200 francs par ans
Dans les années 1830, entretenir un instituteur est une charge pour une petite commune comme l’île de Batz. Et cela entraine des débats dans les communes comme le montre les deux comptes rendus du conseil municipal suivant.
Conseil municipal de l’île de Batz du 11 mars 1832
« Le conseil s’est réuni pour prendre connaissance et délibérer sur les moyens de faciliter l’instruction primaire dans cette commune, ne voyant ni amélioration ni innovation urgente, de mettre sous vos yeux l’état actuel de l’instruction et le seul avantage du maître d’école comme suit :
1. La commune fournit depuis quelques années à la seule charge pour l’instituteur de huit élèves indigents, une maison convenable sous tous les rapports et disposée tout exprès pour l’école. On peut estimer le loyer à 81 francs par ans. C’est le seul avantage que la commune fasse à l’instituteur.
2. L’instituteur donne des leçons gratuites à 16 enfants indigents comme vous avez pu voir par ma dernière liste.
Sur l’avis du conseil il promet d’ouvrir son école à 4 nouveau indigents, ce qui porte le nombre à 20 ; de ce nombre, en retirant les huit mentionnés dans l’article premier, il en reste douze, lesquels à raison de 10 francs par tête comme porte la circulaire, feraient une somme de 120 francs pour l’instituteur
3. Les indigents ne pouvant payer l’école ne peuvent avoir de livres ; il en faudrait pour les vingt sus mentionnés.
Arrêté à l’unanimité le présent que le dit conseil a signé avec nous, excepté deux des conseillers qui ne signent
Conseil municipal de l’île de Batz du 11 aout 1833
Un maître d’école est nécessaire à l’île, un seul suffit pour sa population. Nous nous décidons à garder celui que nous avons déjà depuis longtemps. La maison que la commune lui donne depuis plusieurs années est en très bon état et disposée tout exprès pour recevoir des élèves.
Il continuera à en jouir. La redistribution mensuelle de 20 sous n’est pas trop onéreuse pour les familles et présente un dédommagement suffisamment suffisant pour l’instituteur. Nous y tenons.
Le conseil reconnait qu’il ne peut faire la somme de 200 francs à son instituteur sur les fonds et réserves ordinaires de la commune qui suffisent à peine pour ses autres allocations les plus nécessaires. Il n’est pas d’avis de s’imposer extraordinairement pour réunir cette somme. Il ne le fera qu’autant qu’il sera forcé par la loi. Une bonne maison avec son courtil d’une valeur de 81 francs est tout ce qu’elle aurait l’intention d’accorder à son instituteur à quelque titre qu’il exerce, comme instituteur privé ou comme instituteur communal. »
En 1839, le conseil municipal prend la décision de construite une grande maison au creac’h bihan qui accueillera la mairie et l’école, avec un logement à l’étage pour l’instituteur. (plus tard cette maison sera le bureau de poste, puis actuellement une résidence secondaire)
En 1843 cette véritable école de l’île de Batz est inauguré. Nicolas Floch est toujours le seul instituteur de l’île.
En janvier 1845, Nicolas Floch démissionne, il n’a que 50 ans est il de santé fragile ne lui permettant pas de continuer son travail ? L’instituteur suivant est M Silliou Yves Marie de Botsorhel, nommé le 17 aout 1845.
Nicolas Floch est un des rare ilien de cette époque à demeurer toute sa vie célibataire. Dans les recensements de la population de l’île de cette époque, il est un des rare foyer avec une seule personne, sauf vers 1840 ou ses deux frères Norbert-Marie et Yves sont associé a son foyer, ils sont tous les deux maitre au cabotage et sont également célibataire.
Nicolas Floch décède, chez lui à l’île de Batz, le 15 avril 1862 à l’âge de 67 ans. Sur son acte de décès il est noté le métier de « propriétaire » .
Ces frères mains sont décédé nettement plus jeune que Nicolas :
Jean né en 1798, on en perd la trace assez tôt, on peu supposer qu’il soit décédé jeune
Norbert-Marie, né en 1800 devient maitre au cabotage en 1827 il décède en 1837 à l’âge de 37 ans à la Nouvelle Orléans.
Pierre né en 1803 devient maitre au cabotage en 1833, il décède en 1843 à l’âge de 40 ans aux Gonaïves (Haïti) à bord du Brick l'Absinthe dont il est le commandant.
Yves, né en 1805 devient maitre au cabotage et décède en 1841 à 36 ans à l’hôpital militaire de Toulon
Et enfin son demi frère François né en 1815 pilote lamaneur à l’île de batz décède noyé en mer en 1882 à l’âge de 67 ans alors qu’il allait servir un navire.
Nicolas, n’était pas devenu marin, il a vécu plus longtemps que ces frères et a formé aux première notions de lecture d’écriture et de mathématiques, un grand nombre d’enfants iliens qui sont devenus, un peu grâce à lui, maitre au cabotage ou capitaine au long-cours.
Sources et liens :
Service Historique de la Marine à Brest : archive de l’inscription maritime de Roscoff
Archives départementales du Finistère, île de Batz recensement de la population (1836 …) , cadastre 1846
"Île de Batz" Nicolas Roualec recueils de notes historiques photocopiées
Site le temps des instituteurs
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Après une carrière bien rempli, qui a fait l’objet d’un précédent article sur cette page, le dernier commandement du capitaine au long-cours Yves Floch est bien court il est capitaine du yacht Gallia pendant un mois, ou il effectuera une croisière de Brest jusqu’aux Sables d’or dans les Côtes du Nord du 11 août au 14 septembre1889. Assure t’il le remplacement du capitaine titulaire ? A-t-il commandé ce yacht au cours de régates ? A-t-il fait une escale à l’île de Batz ? Je l’ignore. Si ce fut le cas je suis certain que les marins de l’île ont du apprécier la beauté de ce yacht. Et son fils cadet Yves-Jacob Floc’h qui avait 12 ans en 1889, a peut être admiré ce yacht que son père commandait temporairement, cela a peut être même influencé son choix professionnel, car il devint quelques années plus tard capitaine au long-cours comme son père, malgré la désapprobation de ses parents.
Les deux articles suivants du Journal le Yacht donne un très bon aperçu de ce qu’était le yacht Gallia
Le yacht Numéro 524 du 24 mars 1888
Un « racer » français
La « Gallia » sloop de 20tx à M. Loste
Le yachting montre une grande activité en ce moment en Gironde. On y construit plusieurs yacht de course, qui figureront aux régates de la saison prochaine. On nous signale entre autres, parmi ceux qui sont en chantiers dans la région ; deux cinq-tonneaux, à Bordeaux ; un autre cinq-tonneaux à Arcachon, un dix-tonneaux à la Rochelle.
Mais la principale construction est celle d’un vingt-tonneaux de course, que M. Loste, antérieurement propriétaire du cotre Aspic, a commandé au chantier Coffre, de Bordeaux, et que celui-ci a déjà commencé, sur les plans et sous la direction de M. Sahuqué.
MM. Loste et Sahuqué venait de faire ensemble un voyage en Angleterre, à la recherche d’un yacht de bonne marche, et remplissant certaines conditions de confortable et de calaison modérée qu’ils désiraient en vue de la navigation dans l’embouchure de la Gironde et sur les côtes du Sud-Ouest. Ces deux yachtsmen, n’avaient trouvé dans leur excursion parmi tous les chantiers anglais que des cruisers de marche insuffisante, ou des racers de forme étroite à l’extrême, et du type exagéré que les épreuves de la Coupe, en Amérique semblent avoir définitivement condamné ; ils se décidèrent à faire construire en France, et d’après leurs propres idées, un yacht qui ne serai ni du système anglais, ni du système américain, mais qui empruntant à chacun d’eux quelque chose et, néanmoins, conservant un caractère propre, devint une création originale et réunissant, s’il est possible, toutes les conditions d’un type vraiment national, ce type de yacht que beaucoup ont rêvé, mais que personne n’a encore réalisé.
M. Loste pria donc M. Sahuqué de lui dresser un plan répondant à ce programme, et c’est dans cet ordre d’idées que celui-ci a tracé les lignes de la Gallia, c’est le nom du nouveau yacht de course français.
La Gallia est à bau large, mais n’est pas un dériveur, l’auteur du plan étant partisan des quilles fixes et estimant que la défaite du bateau anglais en Amérique est la défaite du bateau étroit, mais non celle du bateau à quille fixe.
En voici du reste une description succincte :
Longueur de bout en bout, guibre comprise : 19 m 10
Longueur à la flottaison : 14 m 60
Largeur au maitre bau : 4 m 20
Creux : 2 m
Tirant d’eau extrême : 2 m 30
Son tonnage, d’après la jauge du Yacht-club de France, est de 19 Tx 90 ; son déplacement de 32 tonnes ; son volume total, de 62 mètres cubes.
Le lest est composé de 16 tonnes de plomb, dont 13 sous la quille, et 3 dans la quille même : cette quille est en ormeau rouge d’un seul morceau, d’une épaisseur de 42 centimètres. Les membrures sont en chêne dur, et soutenues par de puissantes courbes en fer galvanisé qui les relient entre elles ; le bordé est en ormeau rouge, chêne et sapin combinés, les hauts en pin du Canada.
Les claires-voies, pavois et plats-bords sont en teck ou en acajou.
L’étrave se termine en guibre, l’étambot est légèrement incliné, avec une voute assez longue ; les fonds et les lignes d’eau sont extrêmement dégagés.
La Gallia sera gréée à l’américaine, en sloop, avec bout-dehors fixe et grand voile lacée sur bôme. Il sera curieux de voir le nouveau racer se mesurer avec les types anglais, tels que l’Henriette, de 19 tx ; en tout cas, et quel que soit le succès qui l’attende, il y a là un très intéressant essai de construction originale, et de création d’un « type français ».
Les effet de la nouvelle jauge, qui permet toute les formes sans en exclure ni favoriser complètement aucune, se font ainsi heureusement sentir.
Le yacht Numéro 544 du 11 aout 1888
Le yacht français « Gallia »
À M. Loste
Ainsi que nous l’avons déjà dit, le yacht Gallia de 20 tonneaux, construit par Coffre, à Bordeaux, sur les plans d’un amateur habile et convaincu, M G. Sahuqué, pour le compte de M. Loste, a été lancé le 23 juin dernier. Rapidement gréé et achevé à flot, il a fait ses essais au mois de juillet.
Ces essais ont confirmé tous les calculs de l’auteur du plan, en ce qui concerne l’équilibre du bateau et son assiette dans ses lignes ; sa quille, dont le poids avait été porté à 14 tonnes, l’a lesté presque exactement, et il a suffi d’une addition de 1 tonne et demie à l’intérieur pour mettre le yacht complètement au degré d’enfoncement nécessaire. Plus tard, ce lest supplémentaire sera encore reporté dans la quille.
Nous avons déjà donné une description sommaire de la Gallia dans le numéro du 24 mai dernier. Le dessin et les plans que nous publions aujourd’hui complètent cette description.
Voici d’après le plan de voilure, les dimensions des voiles et les longueurs des espars :
A Grand’voile surface 138 mètres carrés
B Voile de cape surface 66 mètres carrés
C Flèche N° 1 surface 62 mètres carrés
D Flèche N° 2 surface 46 mètres carrés
E Flèche N° 3 surface 38 mètres carrés
F Foc N°1 surface 40 mètres carrés
G Foc N°2 surface 26 mètres carrés
H Foc N°3 surface 17 mètres carrés
I Clin-foc surface 36 mètres carrés
J Clin-foc Ballon surface 83 mètres carrés
K Foc Ballon surface 91 mètres carrés
L Spinnaker surface 142 mètres carrés
M Trinquette surface 34 mètres carrés
N Trinquette N°2 surface 25 mètres carrés
Les espars ont respectivement les longueurs suivantes ; Bas-mât, du pont aux jottereaux, 11 m 40 ; mât de flèche, des jottereaux à la pomme, 10 mètres ; bôme, 14 m 60 ; corne 9 mètres ; bout-dehors, hors bordé, 7 mètres ; tangon de spinnaker, 15 m 20 ; vergue du flèche N°1, 9 mètres.
Comme on en jugera par le plan d’aménagement que nous donnons ci-contre, l’intérieur du yacht, grâce à ses formes larges et évasées, à l’américaine, est des plus confortables. Bien que la Gallia ne jauge que 20 tx, elle contient cinq grands lits, plus deux sofas dans le salon, indépendamment du poste de l’équipage, où 7 hommes peuvent être logés à l’aise. La hauteur, du plancher au pont est de 1 m 80, et sous barrots, de 1 m 70.
Le pont, uni d’un bout à l’autre, est très vaste et partant, offre de grande facilités pour la manœuvre.
Enfin, il importe de noter encore une fois, comme nous l’avons déjà fait, que tout dans ce yacht est absolument français : plan, coque et voilure. Celle-ci a été faite par M. Claverie, l’habile voilier d’Arcachon, très apprécié des yachtmen bordelais.
La Gallia a déjà couru deux régates. Dans la première, pour le prix de la Coupe, à la Rochelle, elle est arrivée 4 mn 56 s avant son principal concurrent, le cotre Hilma. Mais, par suite de l’allégeance assez forte qu’elle lui rendait, elle a manqué le prix de 26 secondes seulement, et elle avait, par suite d’une erreur, fait un parcours plus long de près de deux milles.
Dans la deuxième course (Régate en croisière de la Rochelle à Lorient) la Gallia a brillamment pris sa revanche. Elle est arrivée dans un parcours de 45 milles environ avec une grande avance sur son concurrent du type anglais : on sait que celui-ci, l’Hilma est l’ancien Buttercup, si souvent vainqueur, jadis dans la Manche, et en gironde sous pavillon français.
Ce double début fait donc augurer très favorablement de la carrière de course qui s’ouvre pour le yacht de M. Loste, et pour la création de M. Sahuqué. Pour notre part, nous ne pouvons qu’applaudir à la louable initiative de ces deux yachtmen, qui réagissant contre les idées généralement reçues, ont voulu démontrer, et paraissent avoir réussi à prouver qu’il pouvait y avoir en dehors des formes anglaises, des formes également favorable à la vitesse et à la bonne tenue à la mer.
Sources :
Je remercie M. J.M. Bauvin qui suite à ma question sur ce site m’a envoyé par mail des copies numériques de ces deux articles du Yacht sur la Gallia
Service historique de la marine Brest : Cote 6P3 165 Capitaines au long cours n° 1 à 31 (1865-1902) ; maîtres au cabotage n° 1 à 42 et n° 16 à 19 (1865-1903) syndicat de Roscoff
Le Yacht de Philippe Daryl : version intégrale sur le web
En 1907, le capitaine au long cours Yves Floch décède, à l’âge de 70 ans dans sa maison du creac’h bihan à l’île de Batz. C’est une modeste maison, sans étage, sa façade sud blanchie à la chaud est bien simple une porte au centre et une fenêtre de chaque coté. Elle est bien typique des anciennes maisons de l’île de batz. Devant un petit jardinet est clos d’un muret un déborde sur la rue en arc de cercle.
Dans le cadastre ilien de 1847 on retrouve cette maison, le terrain clos de mur est grand et la maison a, à l’est, une remise, appelé skiber couverte en ardoise avec une cheminée, et une petite soue à cochon. Par contre, sur le premier cadastre ilien de 1809 on ne trouve aucune trace de cette maison. Elle a certainement été construite entre 1815 et 1840 peut être par son père Nicolas Floch maitre au cabotage et pilote.
En 1900, sa fille Anne-Marie Floch, surnommée Naine, avec son mari Jean Caroff font construire sur la partie ouest du terrain de ses parents une grande maison, c’est l’actuelle maison Roualec.
En 1910, son fils Michel Floch, mon arrière grand-père, se porte acquéreur au prés de sa mère et de ses sœurs, du terrain de la petite maison, car il projette de construire une maison plus grande à cet emplacement. Michel Floch est alors instituteur à Plourin les Morlaix, mais reste très attaché à l’île de Batz, il deviendra vers cette époque directeur de l’école de l’île.
L’ancienne maison est rasée, et Michel Floch s’adresse à Monsieur Yvin constructeur à Roscoff pour la construction de cette maison neuve. En rupture avec l’ancienne maison, basse et sombre, et dans l’esprit des idées de santé public des instituteurs de la troisième république, Michel Floch souhaite une maison haute de plafond, pour avoir un volume d’air important avec de grandes fenêtres pour apporter de la lumière.
Le constructeur Yvin en dresse les plans, ce qui reste rare pour une maison individuelle à cette époque, et établi deux devis successifs. Ils conviennent de la somme de 5691 Francs , Michel Floch fournis, les matériaux extrait de l’île : les pierres de taille, les moellons le sable de mine et l’eau pour la construction qui seront déduit du devis.
Ils vont même jusqu’à signer un contact de construction ou le constructeur s’engage à construire la maison en trois mois. La maison est alors construite en 1913.
Actuellement, cette maison est toujours, dans la famille. Elle est séparée en deux propriétés, la propriété de mes parents et la propriété des héritiers de Guy Floch. Ma mère Yvette et mon oncle Guy étant les petits enfants de Michel Floch.
Sources :
Archives familiales, archives départementales du Finistère
Liens :
Les cadastres de l’île de batz aux archives départementales du Finistère
Michel Floch fils de Yves Floch et de Marie Floch nait à l’île de Batz le 03 juillet 1864. Michel est attiré par la mer, mais son père Yves, capitaine au long cours ne veut pas qu’il devienne marin, la mer a fait trop de malheur dans la famille, Michel deviendra instituteur.
Comme natif de l’île de batz, l’inspecteur de l’éducation nationale, le nomme pour son premier poste dans une autre île du Finistère, l’ile d’Ouessant.
Le jeune instituteur loge à l’auberge Stéphan Tizien, il se mariera quelques temps plus tard avec la fille de la maison Euphrasie Stéphan.
Ces postes suivant l’éloigneront de la mer, il sera dans la campagne Morlaisienne à Commana et Plourin les Morlaix.
Mais Michel Floch reste très attaché à l’île de batz ou il revient régulièrement, il sera membre du tout nouveau comité local de sauvetage en 1893, dont son père est le premier président .
Vers 1900, Il est enfin nommé directeur de l’école l’île de Batz, ou il pourra œuvrer dans l’enseignement maritime, en effet les programmes de l’éducation nationale prévoient une instruction maritime minimum pour les garçons dans les écoles des communes littorales comme ils prévoient une instruction agronomique pour les écoles rurales. Il donnera également des cours au adultes marins pêcheurs volontaires.
Je ne sais pas si à l’île de Batz par sa double vocation maritime et rurale, les enfants recevait les deux instructions nautiques et agronomiques.
Conformément au programme officiel, et pour répondre à un besoin, Michel Floch va rédiger et éditer deux ouvrages : Un cahier de cartes marines édité chez Challamel sous le patronage de l’Enseignement professionnel et technique des pêches maritimes et un petit livret de 46 pages au format 10 cm*15 cm intitulé « Livret Pêche et Navigation » dédié aux cours moyen, aux cours supérieurs et aux cours d’adultes
Le cahier de carte marine au format de 24 cm * 32 cm comporte 8 cartes marines simplifiées et permet de faire un grand nombre d’exercice sur carte grâce au grille d’énoncé pré rempli qui peuvent être complété par le maitre.
Ces deux ouvrages ont été écrit dans le but de donner aux futur marins et pêcheurs des bases théoriques, dans l’esprit de l’école de la troisième république: « Le marin, comme l’ouvrier, comme le cultivateur, a besoin de s’instruire des choses de sa profession ; la possession de ces connaissances spéciales lui permet de tirer un meilleur parti de son outillage, des ressources fournies par la mer, diminue pour lui les risques de la navigation et fait de lui, le moment venu, un meilleur serviteur du pays. »
Bonne lecture
Nous soussignés,
Pierre-François Miossec et Joseph Macé son collègue, notaires à la résidence de la ville de Saint-Pol-de-Léon, arrondissement’ de Morlaix, département du Finistère.
Nous sommes transportés de notre résidence jusqu'en la demeure du dit feu sieur Guillaume Postic, située au Rue dite commune de l'île de Batz, à l'effet de procéder à l'inventaire de tous les biens meubles, titres, papiers et autres objets dépendant de la succession du dit feu sieur Guillaume Postic, décédé sur la dite commune de l'île de Batz
le Vingt novembre dernier, auquel inventaire nous avons procédé à fur et mesure de la levée des scellés qui ont été apposés le vingt quatre du même mois en vertu du procès- verbal du dit jour enregistré le vingt-sept dudit et sur la montrée qui nous a été faite par la dite Veuve Postic en nous servant du ministère du sieur Jacques Riou, Greffier de la justice de paix du canton de Saint-Pol-de-Léon et y demeurant pour la prisée des objets à comprendre au présent inventaire, Commission qui a accepté et promettre par serment de remplir en son âme et conscience.
DANS LA CUISINE
- un trépied deux francs cinquante centimes 2,50
- un pic feu vingt cinq centimes 0,25
- quatre chaudrons y compris une marmite cinq francs 5,00
- un vaisselier trois francs 3,00
- cinq assiettes et un chandelier avec deux lampes en fer quatre vingt centimes 0,80
- un banc coffre quatre francs 4,00
- une table pétrin cinq francs cinquante centimes 5,50
- un bois de lit clos près la table, accoutré d'une couette et traversin de plume, deux draps et une couverture de laine soixante cinq francs 65,00
- Banc coffre y joignant et un demi hectolitre y étant dix francs cinquante 10,50
- deux fanaux un franc vingt cinq centimes 1,25
- un mauvais buffet trois francs 3,00
- quatre bodèses, un pot, deux assiettes un franc vingt cinq centimes 1,25
- une petite huche avec six hectolitres seigle y étant soixante dix francs 70,00
- trois barattes et un baillot trois francs cinquante 3,50
un crémeau et un ribot deux francs soixante quinze 2 ,75
- deux bluteaux et deux vents (sic) un franc 1,00
- six écuelles, une soupière et trois petits pots un franc vingt centimes 1,20
- un bois de lit-clos près le feu accoutré d’une couette et traversin de plume, deux draps et une couverture de laine soixante douze francs 72,00
- un banc coffre y joignant deux francs cinquante 2,50
- autre bois de lit-clos accoutré d'un oreiller de plume, deux draps et une couverture de laine cinquante francs 50,00
- un hectolitre de froment seize francs cinquante 16,50
- un charnier avec provision de lard soixante francs 60,00
- trois vieux coffres trois francs 3,00
- trente bouteilles vides six francs 6,00
- une boite en bois avec un décalitre poids un franc cinquante 1,50
- un mauvais vaisselier assiette et plats deux francs cinquante 2,50
- une huche avec cinq hectolitres de seigle soixante douze francs 72,00
- un baril, deux paniers et fatras un franc cinquante 1,50
- onze draps de toile et deux de coton vingt sept francs 27,00
- trois nappes deux francs vingt cinq centimes 2,25
- trois oreillers de plume trois francs cinquante 3,50
- deux vieux tapis de laine cinq francs 5,00
- une petite table un franc 1,00
- un demi-hectolitre et un encercle avec le fut vingt cinq francs 25,00
- une armoire sur laquelle est apposée une bande de scellés qui ont été reconnus intacts laquelle armoire et les objets y étant appartenaient au dit Nicolas Flochautre armoire sur laquelle il y avait une bande scellés qui a été reconnue intacte
et évaluée vingt quatre francs 24,00
- les hardes du défunt vues en détail et prisées en gros vingt cinq francs 25,00
- une montre en argent dix huit francs 18,00
- une longue vue six francs 6,00
- un octant et sa boîte vingt quatre francs 24,00
DANS LE GALETAS
- une broie, un baril et un dévidoir quatre francs 4,00
- Provision de goémon à brûler seize francs 16,00
DANS LES CRECHES
- un seau, un vieux bois de lit un franc cinquante 1,50
- une futaille vide deux francs 2,00
- deux échelles trois francs 3,00
- trois crocs et une pelle trois francs cinquante 3,50
- un bat à porter un franc vingt centimes 1,20
- autre provision de combustible douze francs 12,00
- le fumier trois francs 3,00
- la paille trente francs 30,00
- un cheval soixante douze francs 72,00
- une petite génisse dix huit francs 18,00
- un cochon onze francs 11,00
- une somme en argent de quarante cinq francs 45,00
Total de l'actif huit cent cinquante francs quatre vingt dix centimes 850,90
Commentaires :
La maison
La maison de Guillaume Postic est bien modeste, comme certainement beaucoup de maisons de l’île de Batz à cette époque.
Elle se compose d’une seule grande pièce, avec une cheminée elle est meublée de deux vaisseliers d’une table pétrin, d’un buffet, de deux armoires et de trois lits clos.
Les lits-clos bien équipés de leur couette et traversin de plume et leur couverture en laine représente de belles sommes.
Le galetas est le grenier ou l’on stocke le goémon. Le goémon sec utilisé comme unique combustible dans la cheminée.
Les réserves alimentaires bien fournies, froment, seigle et lard sont dans cette pièce.
La maisonnée vit en autarcie alimentaire par les productions agricoles, et la récolte de goémon pour faire cuire les repas.
Les animaux : un cheval, une génisse et un porc sont bien à l’image d’une petite ferme ilienne. On peut s’étonner de l’absence de volaille.
De son métier de maitre au petit cabotage : on trouve une longue vue, une montre et un octant, ce qui montre un intérêt pour la science nautique de la navigation , car je pense qu’à cette époque de nombreux maitre au cabotage n’ont ni montre ni octant. On note également l’absence totale de livres ou cartes marines.
Son état de fortune
La « fortune » de Guillaume Postic se porte à 850 francs, Vers 1840 un journalier était payé 1 franc par jour, un ouvrier 2 francs et un contremaitre 4 francs. 850 francs représente un an et demi de travail d’un ouvrier.
Cet inventaire ne mentionne pas si Guillaume Postic était propriétaire de cette maison. Guillaume Postic était propriétaire de plusieurs parcelles de terre à l’île de Batz une parcelle de terre au Gouechou, une autre à Pors Layen, une autre à Pouluz, une autre près le four de Lesvel, une autre aux environs de Mescam, une autre au Vennanou (les noms dles documents d’époque) et également à Roscoff une parcelle importante au Cheffren mais l’estimation de la valeur de ces parcelles n’est pas aisée à comprendre.
Quelques éléments de la vie de Guillaume Postic
Guillaume Postic nait en 1777 à Plouézoc’h sur la rive est de la baie de Morlaix.
Guillaume se marie une première fois à Marie-Josèphe Le Forestier Bréhat ou il réside lors qu’il passe son examen au brevet de maitre au petit cabotage du 20 fructidor de l’an X ( 7 septembre 1802)
En 1809 à 35 ans , veuf il se remarie à l’île de Batz avec Marie-Anne Breton âgée de 32 ans.
Le 20 novembre 1840, Guillaume Postic décède à l’île de Batz , laissant une veuve,
Marie-Anne Le Breton, trois filles, Élisabeth, veuve Plusquellec, demeurant à Bréhat, Marie-Yvonne, épouse de Pierre Servet, capitaine au commerce, demeurant à l'île de Batz et Jeanne Postic, un gendre Nicolas Floch, veuf de Marie-Jeanne Postic, agissant au nom de ses enfants : Nicolas, Jean et Yves, lesquels avaient pour subrogé tuteur, le célèbre pilote Yves Trémintin, enseigne de vaisseau, et maire de l’île de Batz.
Dans la maison de Guillaume, une armoire avec les affaires de Nicolas Floch laisse supposer que le veuf y habite avec ses trois enfants en bas âge. Nicolas Floch est aussi maitre au cabotage, il est a cette époque un des pilotes lamaneurs de la station de l'île de Batz
Dans l’état actuel de mes recherches, je n’ai pas beaucoup d’éléments sur sa carrière maritime, mais certain de ses éléments entre 1817 et 1825 sont pittoresques voici quelques extraits du matricule des maitres au cabotage et capitaines au long-cours du quartier de Morlaix :
- 1817 « Le 2 novembre expédié pour l’Angleterre sur le sloop le St Jean qu’il commande saisi par les anglais le 3 du dit mois et rentré au quartier ».
- 1818 « commande le sloop le Commerce à compter du 21 janvier 1818, débarqué le 18 février suivant pour aller à Plymouth prendre le sloop le St Jean qu’il a ramené à Roscoff le 14 mars suivant et en a été débarqué au dit port le 24 du dit mois pour aller à Morlaix reprendre le commandement du sloop le commerce »
Guillaume Postic commande le sloop le Commerce au moins jusqu’en 1825.
Le Sloop le Commerce armé par le négociant Deschamp de Roscoff jauge 26tx 76/94ème son tirant d’eau est de 2,11 m en charge et de 1,29 m lège il a été construit en 1817 à) Roscoff.
La capture du sloop St Jean par les douanes anglaises montre que Guillaume Postic pratiquait de smoglage (contrebande) pour le compte de son armateur. La justice anglaise est nettement moins sévère pour les étrangers que pour leur compatriote.
Le sloop Saint-Jean de l’armateur Deschamp jauge 13 tx 16/94ème, son tirant d’eau est de 1,80 m en charge et 1m à lège il a été construit en 1814 à Fécamp.
Les Roscovites et les iliens pratiquaient le trafic d’alcool pour l’Angleterre sur ne petits navires le Saint- Jean ne devait pas dépasser les 10 m de longueur de coque. Je reviendrai sur les trafics au départ de Roscoff dans d’autres articles.
Ouest Éclair du 29 mars 1914
Un sauvetage à l’île de Batz
Mercredi dernier 25 mars, à 2 heures de l’après-midi, l’équipage de la gabare Marie-Louise, patron Pierre Jézéquel de Penzé, quittant la cale de l’île aux moutons dans leur canot pour regagner leur bord ; le vent soufflant en tempête, la mer était démontée. A une certaine distance de la cale une lame fit chavirer le canot , projetant les quatre hommes à la mer.
Joseph Fichoux et Pierre Kerrien réussirent à regagner la côte à la nage, le patron Jézéquel et son fils qui ne savaient pas nager, restèrent cramponnés à la quille du canot. Le jeune Jean Floch, témoin de l’accident, donna l’alarme. Les patrons Caleteaux et Kérrié, avec leur équipages, embarquèrent dans deux canot et réussirent avec beaucoup de peine à rejoindre les deux naufragés et à les ramener à terre. Il était temps, le patron Jézéquel était déjà congestionné. MM. Ticos, patron de douane, et son collègue Creff, aidés des personnes présentes, leur donnèrent les meilleurs soins. Pierre Jézéquel fut conduit chez M. Creff et son fils chez M. Chapalain maire. Ils sont maintenant hors de danger. Nos félicitations aux sauveteurs.
Commentaires
Jean Floch, né en 1896 est le fils de Michel Floch, petit-fils Yves Floch, le capitaine au long-cours, le frère de Mélanie, d’Anna et de Yves, et le père de Jean Floch que nous avons bien connu.
Les gabares de la Baie de Morlaix feront l’objet d’autre article sur ce site.
Yves Floch est né à l'ile de batz le 20 février 1837. Son père Nicolas est maitre au grand cabotage, sa mère Marie-Jeanne Postic est la fille du capitaine Guillaume Postic maitre au cabotage natif de Plouézoch. Yves a deux frères ainés Nicolas son ainé de 4 ans et Jean son ainé de 2 ans.
Selon son acte de naissance, Yves est alors déclaré en mairie par Guillaume son grand père âgé de 63 ans, son père étant certainement en mer le jour de la naissance.
Le 2 juillet 1838, sa mère décède à l'âge 27 ans, certainement de maladie laissant trois orphelins Nicolas âgé de 5 ans, Jean âgé de 3 ans et demi et Yves de 1an et demi. Yves n'auras presque pas connu sa mère.
Qui prend en charge les 3 garçons? Une grand-mère, une tante, je n'en ai pas trouvé de trace. Sur l'acte notarié d'héritage de Guillaume Postic, Yves Trémintin, le fameux pilote au passé héroïque, alors maire de l'ile de Batz est cité comme subrogé tuteur des trois enfants Floch.
Six ans plus tard, le 26 février 1844, son père se remariera avec Anne Bihan. De se second mariage naitra six enfants. A cette époque son père Nicolas ne navigue plus au cabotage, il demeure en permanence à l’île de Batz.
Son père est, pilote côtier en station à l'ile de Batz. Il pratique également la petite pêche, il est successivement patron de l'Hélène et de la Clarisse qu'il possède en copropriété avec deux autres iliens. L’ Hélène et de la Clarisse sont de modestes canots taillés pour la marche à l’aviron.
En mai 1848 à l'âge de 11 ans Yves embarque pour la première fois comme mousse au titre d’inscrit maritime provisoire. Les débuts de la carrière d'Yves sont à la pêche, cela aura une influence sur sa vie de marin car il reviendra à plusieurs reprises au métier de pêcheur.
Il est mousse à bord du bateau de pêche Helene de l'ile de Batz, il embraque en mai au début de la belle saison, pour de la petite pêche et le pilotage pour des sorties sont courtes probablement à la journée. L’espace maritime couvert par les pilotes de l’île de batz va de l’anse de Goulven à l’ouest au Yaudet à l’embouchure de la rivière de Lannion à l’est.
En février 1849 il embarque comme mousse à bord du bateau de son père la Clarisse, qui pratique la petite pêche, il y restera 2 ans.
A quatorze ans il embarque comme mousse à bord d'un brick de cabotage, l’Anna-Maria
Après un retour de 2 mois à la pêche sur la Clarisse à l'automne 1852, Yves embarque de nouveau au cabotage sur le Brick Bomer de Roscoff sous le commandement de Nicolas Bescond Capitaine au long cours de l'ile de batz. La famille Bescond a des parts d’armement dans ce bateau de Roscoff.
Ce brick pratique le grand cabotage ainsi que le long cours pour des voyages aux Antilles, l'équipage du Bomer est de huit hommes: un capitaine, un second, quatre matelots, deux novices et un mousse.
Yves deviendra novice à l'âge de 16 ans, ce changement de fonction se faisant uniquement sur condition d'âge, Les mousses deviennent novice à 16 ans puis matelot à 18 ans.
Le 25 février 1853, son père Nicolas Floch meure noyé à 62 ans dans le naufrage de la péniche pilote les deux frères de l'ile de Batz, alors qu'il partait servir un navire comme pilote. Son corps a été trouvé le 7 mai à Carantec.
L’année suivante, son frère ainé, Jean décède en mer à bord du trois mats Olympe, le 2 mai 1854 il avait 20 ans et était matelot.
Yves débarque du brick Bomer en septembre 1854. Après 3 mois à terre Yves embarque le 9 janvier 1855 comme novice car il n'a pas encore 18 ans puis comme matelot à bord du brick Elise sous le commandement du capitaine Michel Moal de l'ile de Batz.
A son débarquement en le premier février 1856, il ne serra plus embarqué pendant une quinzaine de mois. Repend-il des études en vue de passer l'examen de capitaine au long cours? L'instituteur de l'ile de Batz donnait il à cette époque des cours de français et de mathématiques pour préparer à l'entrée dans une école d'hydrographie? Yves commence t'il des cours dans une école d'hydrographie ? L’état de mes recherche ne me permets pas de le dire.
Le 17 juin 1857, à 20 ans, Yves est appelé au service pour Brest, comme tous les inscrits maritimes il fait son service dans la marine du second empire. Le 23 aout il embarque à bord de la frégate Alceste pour un voyage de 3 ans en Amérique du sud, la frégate est en poste pour la station du Brésil et de la Plata.
Yves est gabier, il travaille sur le gréement et à la manœuvre.. De matelot de troisième classe il deviendra matelot de seconde classe et de première classe.
La frégate Alceste est un bâtiment neuf, elle à été lancée à Cherbourg en 1846, Elle mesure 52,75 m de long 13,85 m de large et 6.5m de tirant d'eau, elle fait partie des derniers grands bâtiments de guerre à voile construit en bois.
Le 18 mai 1860 la frégate Alceste appareille de Montevideo pour Brest. Yves est libéré de ses obligations de service le 1er octobre 1860 à Brest et rejoint alors l'ile de Batz après une longue absence.
Le 20 décembre 1860, Yves se marie à Marie Floch à l'ile de Batz. Les témoins sont François Diraison, 48 ans, Capitaine au commerce, son oncle par alliance, Jean Robin, et Michel Moal, 46 ans, Capitaine au commerce, oncle de l'épouse et Jean Hulot, 38 ans, capitaine au long cours, cousin de l'épouse. Il est bien entouré par l’élite des marins de commerce de l’île de batz
Yves et Marie sont cousin issus de germain, ils ont comme ascendants commun leurs arrières grands-parents Jean Floch né en 1726 et Marguerite Mellouet. Une dispense de consanguinité accordé par l’évêché leur est nécessaire pour leur mariage.
Leur premier enfant, Yves Jacob nait le 21 décembre 1861 à l'ile de Batz, les témoins sont Michel Moal, 47 ans, maître au cabotage et Philippe Tanguy, 49 ans, maître au cabotage.
Yves prépare son examen de capitaine au long cours à Granville, un certificat de bonne conduite signé du maire de Granville montre qu'il habitait le port normand en 1862 et au début de l'année 1863 [9].
Il passe l'examen le 8 mars 1863 à Granville puis est nommé capitaine au long cours par décisions du 16 mars 1863.
Son premier commandement ne se fera pas long à attendre, le 3 avril il devient commandant du brick Léontine Marie armé au grand cabotage. Il embarque à Marans.
Il commandera se navire pendant 6 ans, jusqu'au 30 janvier 1869 le jour du naufrage dans la baie du Cap Finistère en Espagne. Il est reconnu, par l'inscription maritime qu'aucune responsabilité dans le naufrage du brick n'a été retenue à son encontre.
Yves choisit comme lieutenant son frère ainé Nicolas lui-même maitre au cabotage de 1864 à 1866. Son frère certainement atteint d'une maladie débarque définitivement du brick Léontine le 5 septembre 1866 à Pont L'abbé, il décédera à son domicile le 29 mars 1867 à l'âge de 44 ans à son domicile à l'ile de Batz.
D'après ses états de service Yves est inscrit en permanence sur le rôle d'équipage pendant ces 6 années. Quand revient-il à L'ile de Batz? Fait-il des escales à l'ile Batz pendant ses navigations? Le brick est il armé toute l'année?
Son fis Michel Victor, mon arrière grand père, nait le 03 juillet 1864 à l'ile de Batz. Les témoins sont: Jean Hulot, 42 ans, capitaine au long cours et Michel Moal, 49 ans, maître au cabotage
Sa fille Anne-Marie nait le 10 novembre 1867 à l'ile de Batz. Les témoins sont Jacques Hulot, 73 ans, capitaine au commerce et Michel Moal, 55 ans, capitaine au commerce.
Sa seconde fille, Marie Jeanne nait le 20 juillet 1869 à l'ile de Batz. Les témoins sont l’ami de la famille Michel Moal, 55 ans, capitaine de commerce et Louis Buors.
Suite au naufrage de la Léontine Marie Yves reste 8 mois sans embarquement. Au mois d'octobre 1869 Yves embarque comme second à bord du trois mât carré Belle Anaïs du Havre, pour un seul voyage de 5 mois vers probablement l'Amérique du sud.
A son débarquement après quelques mois sans activité à l'Ile de Batz il embarque localement en octobre 1870 comme patron à la petite pêche sur le bateau nommé "F"
En février 1871 Yves embarque à Morlaix en qualité de second à bord de la Mathilde petit vapeur de 92 tx armé à Dunkerque au cabotage (longueur: 32.9 m, baux: 5.79 m, tirant d'eau 2.74 m) Yves en devient le commandant le 28 mars 1872. Il assurera ce commandement jusqu' en octobre 1873 ou il débarque à Roscoff.
L'année suivante, le 22 mai 1874 il prend le commandement à Callais du vapeur Courrière Également armé au cabotage, ce vapeur est nettement plus important que la Mathilde il jauge 224 tx et mesure 52,91m de longueur, 8.63m de largeur et a un tirant d'eau de 4.24 m
Il débarque de ce commandement le 24 novembre 1876 au Havre.
S'en suit une période de huit années ou Yves reste à l'ile de Batz, il pratique la pêche comme patron à bord de la Marie, mais pendant les étés 1877 et 1878 il prend le commandement du Yacht de plaisance Vercingétorix.
Pour la naissance, de son dernier fils Yves Jacob le 20 décembre 1877, Yves est l’île de batz, il verra grandir son dernier enfant plus que les ainés.
Les témoins sur l’acte de naissance de Yves Jacob sont Jean Hulot, capitaine au long-cours et Alexandre le Bras instituteur à
En 1882 Yves est sollicité pour commander un navire « chasseur », pour St pierre sur les bancs de terre-neuve. Le navire chasseur est associé au transport de la morue pêchée sur les bancs. Le chasseur apporte du sel depuis les côtes atlantiques ou le Portugal à St Pierre ou il donne rendez vous deux goélettes pour leur livrer le sel contre la première pêche qu’il ramène en France, à la Rochelle, Bordeaux, Marseille ou quelquefois Granville.
Il est sur le rôle du brick Amitié de Granville, du 19 au 20 avril 1882, un embarquement bien court ce brick n’a certainement pas eu l’autorisation de naviguer. Et le voila, dès le lendemain, commandant de la goélette Clémentine, il sera de retour à Granville le 11 juillet ou la goélette sera désarmée.
Pendant quelques année il alterne son métier de capitaine de chasseur d’avril à juillet ou aout. Et la petite pêche en hivers à l’ile de Batz à bord de la Marie.
Son dernier embarquement comme inscrit maritime sera comme capitaine du yacht Gallia, pour une croisière de Brest le 11 aout 1889 jusqu’au Sables d’or dans les côtes du nord le 14 Septembre. Yves a alors 52 ans et cumule 39 mois et 14 jours de service à l’état, 240 mois et 16 jours au commerce et 90 mois et 12 jours à la pêche. Ce qui fait un total d’un peu moins de 31 ans de temps embarqué depuis l’âge de onze 11 ans.
Yves est actif au sein de la municipalité Ilienne, il devient maire de l’île de Batz de 1892 à 1896. Il participe activement à la création de la station de sauvetage de l’ile de batz, inauguré en 1894 . Son fils Michel, instituteur et directeur de l’école en sera le premier président du comité local de sauvetage.
En conclusion, pour revenir sur la carrière maritime d’Yves Floc’h, pour le début de carrière la solidarité ilienne joue pleinement son rôle, il embarque au cabotage sur des navires commandés par des iliens. Le clivage marine à voile marine à vapeur, n’existe pas forcément puisqu’il alterne les types de navire.
Comme capitaine au long-cours la majorité de sa carrière se fait au cabotage et il ne naviguera jamais au delà de l’océan Atlantique. Par contre sa carrière présente une grande diversité : le pilotage comme mousse avec son père, le cabotage européen à la voile, le cabotage sur les vapeurs, les long-courriers du Havre, la petite pêche, la grand-pêche comme chasseur, et les débuts de la navigation de plaisance sur deux yachts, mais également son temps de service sur une frégate à voile.
Sources :
les clippers Français Claude Briot Editions Glénat
Faudacq Guy Prigent Olivier Levasseur Editiond Apogée
Service historique de la marine Brest
Cote 6P3 165 Capitaines au long cours n° 1 à 31 (1865-1902) ; maîtres au cabotage n° 1 à 42 et n° 16 à 19 (1865-1903) syndicat de Roscoff
Musée maritime de Dunkerque , pour les informations concernant les steamers
Archives et photos familiales
1693
« La “TRINITE” de Roscoff, 130 tonneaux au sieur Cleret marchand à Roscoff, capitaine Jean Floc'h (de Bas) 11 hommes, 4 canons, 2 pierriers »
le premier marin de la famille Floch dont j’ai retrouvé une trace, mais certainement pas le premier de la famille.
1918
Le décès à 41 ans d’Yves Jacob Floch, capitaine au long-cours, le dernier marin de commerce de la famille.
1693, 1918.
Entre ces deux dates, pour les marins de la famille Floch : sept générations, 40 marins nés à l’île de Batz dont 19 maitres de barque ou maitres au cabotage et 3 capitaines au long-cours
A travers cette chronique familiale, je vais essayer de retracer la vie de ces marins.
Celle de Nicolas, maitre au cabotage, né en 1749, décédé à 70 ans dans le naufrage du lougre le Pèlerin le 15 novembre 1819, alors qu’il faisait route vers les côtes Anglaises, dans la tempête avec un chargement interlope d’alcool de genièvre.
Celle de Jean, à bord de la frégate la Danaé, lors du combat de Cancale du 13 mai 1779, ou bien encore celle d’un autre Nicolas successivement maitre au cabotage et pilote de l’île Batz, ou il décédera "tombé à la mer et disparu le 25 février 1853 dans le naufrage du bateau les deux frères sur lequel il était embarqué pour aller piloter un navire"
Ou également celle d’Yves, le père de mon arrière grand-père, capitaine au long cours, successivement et entre autre, second à bord d’un 3 mâts long courrier, commandant des steamers de Dunkerque, la Mathilde et la Courrière de dunkerque , patron du petit bateau de pêche la Marie, capitaine sur un chasseur de Granville pour St Pierre ou capitaine du yacht Vercingétorix et enfin maire de l’île de Batz.
Et bien d’autre encore…
Derrière ce froid arbre généalogique, combien de vies passionnantes, d’anecdotes et de drames vont ce révéler.